Aujourd’hui, une portière peut intégrer des capteurs anti-intrusion, conserver une mémoire des formes en cas de collision. Le pôle « Matériaux innovants pour produits intelligents » (Mipi) place l’acier au coeur des projets de recherche.
La région met en avant son caractère spécifique, fédérateur et transfrontalier.
La Lorraine ne s’est pas contentée de respecter scrupuleusement le cahier des charges des pôles de compétitivité : elle y apporte une valeur ajoutée considérable, notamment sur le plan transfrontalier et européen.
Jean-François Champigny, chargé de mission du secrétariat général des Affaires régionales (Sgar) à la préfecture de Lorraine
Douchée par des pronostics pessimistes, la Lorraine compte défendre chèrement ses deux projets si complémentaires qu’ils auraient pu n’en faire qu’un. Le pôle « Matériaux innovants pour produits intelligents » (Mipi) vise à promouvoir la recherche en matière de matériaux (acier, mais aussi verre et composites), tandis que le pôle Fibres (lire ci-dessous) entend fédérer les développements technologiques du bois, du textile et du papier.
Région de production traditionnellement éloignée des centres de décision, la Lorraine n’en a pas moins développé un outil de recherche performant. Mipi compte 1.850 chercheurs au sens strict du terme, dont 40 % employés dans le secteur privé. Fort du soutien notamment du CNRS et de l’Institut en recherche informatique et en automatisme (Inria), le pôle revendique également l’un des réseaux de transferts de technologies les plus complets de France. De Mittal Steel à Eiffage en passant par Saint-Gobain-Pam, Sollac et Essilor, les fleurons de l’industrie régionale ont également déclaré leur intérêt pour un projet susceptible de booster le développement de nouveaux matériaux.
Produits plats
Fer de lance du pôle, Arcelor concentre l’essentiel de sa recherche sur les produits plats en Lorraine. Centre historique de la recherche sur les matériaux, l’ex-Irsid de Maizières-les-Metz (Moselle) s’apprête à rapatrier les entités de Thionville, spécialisée dans l’emballage, et de Florange, axée sur l’automobile, pour constituer un pôle de 500 chercheurs.
Nous favorisons la proximité de la recherche, qui vient en appui à nos sites de production. Nous développons une coopération de longue date avec les universités de Metz et de Nancy et avec l’Ecole des mines de Nancy. En contrepartie de cet apport universitaire, nous offrons à Mipi notre expérience en conduite de projets européens et notre ouverture sur la Belgique et le Luxembourg.
Jean-Claude Charbonnier, directeur des Affaires internationales et scientifiques à la direction Innovation Corporate Arcelor
Le grand-duché du Luxembourg serait même disposé à apporter son soutien officiel à la Lorraine. Courante dans l’industrie et la recherche, la notion de produit intelligent peut laisser le profane perplexe.
Naguère, une portière ne servait qu’à fermer une voiture. Aujourd’hui, elle peut intégrer des capteurs anti-intrusion, conserver une mémoire des formes en cas de collision ou abriter un airbag latéral.
Jean-François Champigny
Même logique pour les câbles de ponts équipés de capteurs pour détecter les ruptures invisibles, les lunettes aux montures d’acier retrouvant leur forme après déformation, les carrosseries autonettoyantes ou les éviers en Inox antibactérien. Le conseil régional, qui entend constituer d’ici à cinq ans le premier système d’innovation et d’optimisation technologique de France, et les principales collectivités de Lorraine ont surmonté leurs clivages traditionnels ou politiques pour soutenir la labellisation du pôle.
--Télécharger l'article en PDF --