Du 6 au 25 novembre 2018, le festival Augenblick propose au public alsacien de découvrir la richesse et la diversité du cinéma allemand contemporain. Organisatrice de l’événement, Milène Ehrhart orchestre la programmation et les rencontres dans 36 salles de cinéma indépendantes pour accueillir le grand public et attiser la curiosité des scolaires dès le plus jeune âge.
Quels seront les temps forts de la cette quatorzième édition d’Augenblick ?
Nous recevons cette année Andreas Dresen, l’un des rares réalisateurs allemands formé en ex-RDA, dont le dernier film, Gundermann, a enregistré 250.000 entrées en Allemagne. Nos partenaires programmeront neuf de ses films et l’accueilleront durant trois jours pour des échanges avec le public.
Nous diffusons également une rétrospective de Georg Wilhelm Pabst, avec six films restaurés et numérisés. Ces purs chefs d’œuvre des années 30, tournés à la charnière entre le muet et le cinéma parlant, sont parfois passés inaperçus. L’un de ces films, Quatre de l’Infanterie, évoque la Première Guerre mondiale et témoigne du pacifisme de Pabst, qui avait senti dès les années 30 la direction dans laquelle l’Allemagne s’engouffrait. La Tragédie de la Mine reprend l’histoire de la catastrophe de Courrières, dans le Nord, mais la transpose dans les mines frontalières de la Lorraine et de la Sarre pour mettre en scène la solidarité populaire. Enfin, Augenblick 2018 s’ouvre pour la première fois au film documentaire avec l’association Kings of Doc Expanded. Tous les films sont sous-titrés en français et permettent de découvrir le renouveau du cinéma allemand, suisse et autrichien.
Quel engagement cette programmation traduit-t-elle ?
Le festival a été lancé en 2005 par des exploitants de cinémas indépendants dans le double objectif de se fédérer et de maintenir en Alsace la curiosité pour la langue et la culture allemande. L’engagement de nos adhérents en faveur du cinéma de proximité se manifeste tout au long de l’année. Le festival se déroule sur trois semaines en novembre, qui est précisément le mois où sortent les blockbusters américains. Les membres du réseau accueillent des scolaires – près de 30.000 cette année – de 8 heures du matin à 18 heures, avant de commencer les projections en soirée. Tous les films sont présentés en VO sous-titrée, au tarif attractif de 4,50 euros.
Durant ces trois semaines, nos adhérents proposent au public des films allemands qui n’ont pas encore été présentés en France pour la plupart. Le public français n’a généralement accès qu’à une douzaine de films allemands par an, le plus souvent des films historiques qui évoquent la deuxième guerre mondiale ou la guerre froide. Nous voulons montrer la diversité du cinéma allemand.
Comment le festival a-t-il évolué ?
Augenblick a commencé ses projections dans une quinzaine de salles, et s’étend aujourd’hui à une quarantaine de lieux, dont plusieurs espaces de projection itinérants. Nous bénéficions en Alsace d’une réelle densité d’espaces de projection avec des salles privés, des salles municipales, des relais culturels.
Le festival s’est professionnalisé à partir de 2011. Il comptait alors 10.000 spectateurs, contre 50.000 l’an dernier. Cette progression tient à l’augmentation de l’offre en direction des scolaires, mais aussi à la révolution du numérique, qui a permis d’assouplir et d’agrandir la programmation. Le festival dispose à présent d’un budget de 100.000 euros dont les principaux financeurs sont la région Grand Est, la fondation Entente franco-allemande (Fefa), la Drac Grand Est, les villes de Strasbourg et d’Erstein, le Goethe Institut et les deux départements alsaciens.
Envisagez-vous d’étendre le festival une extension géographique ?
Non, sinon, ce ne serait plus un festival. L’éclatement territorial est la marque de fabrique d’Augenblick, mais en constitue aussi le principal défi. L’étendre au Grand Est serait tout simplement ingérable. De même, il n’y aurait pas de sens à s’ouvrir à l’Allemagne, même dans la région frontalière, car la chronologie des sorties cinéma n’est pas la même. Les films que nous présentons en avant-première en France sont parfois sortis depuis six mois en Allemagne.
Il existe trois grands festivals de cinéma allemand en France : Augenblick, bien sûr, mais aussi le festival du cinéma allemand organisé à Paris par German Films services ou la saison universitaire UniversCiné de Nantes. Augenblick a inspiré d’autres festivals plus petits, pour lequel il a un rôle de référence et de conseil.
propos recueillis par Pascale Braun
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