Metz, Sarrebruck, Trèves et Luxembourg sont toutes les quatre touchées à des degrés divers par la pandémie de Covid-19. Dans ce contexte, la coopération transfrontalière ne constitue pas une priorité, mais elle se poursuit. Pour Michael Sohn, secrétaire général du réseau transfrontalier Quattropole, les objectifs fixés dans le « Leitbild » (vision d’avenir) qui unit les quatre villes conserve toute sa pertinence.
Comment les quatre villes de Quattropole se sont-elles mobilisées depuis le début de la crise du Covid-19 ?
Je ne suis pas sur place, mais j’observe qu’elles se sont mobilisées de manière tout à fait comparable pour protéger leur population, qui totalise 500.000 habitants. Elles ont cherché à diminuer le nombre de personnel en mairie et les contacts entre agents, potentiellement contaminants. Elles se sont attachées à assurer la continuité de l’offre de services publics, notamment en matière d’état civil ou de propreté. Elles se sont également rapprochées des services sanitaires et médicaux, en proposant par exemple une offre de crèche aux enfants des personnels soignants.
La coopération entre les quatre villes est-elle à l’ordre du jour ?
Durant ces dernières semaines, les dossiers de coopération ou les projets transfrontaliers n’ont pas été prioritaires. Dans ce contexte de crise, je le comprends et je ne le regrette pas.
Mais nous continuons à travailler. Nous savons par exemple que notre prix de musique Quattropole sera reconduit en avril 2021 et remis à Luxembourg. Nous préparons pour ce printemps un projet de vélotourisme transfrontalier, qui sera assorti d’une carte bilingue, trilingue et peut-être même quadrilingue. Par ailleurs, nous travaillons depuis fin 2019 à une brochure de marketing territorial. Ce document, en voie de finalisation, sera utile aux élus et aux entrepreneurs pour favoriser les investissements. Il ne faut pas oublier que la crise sanitaire va se transformer en crise économique. Dans ce contexte, il est essentiel de préparer la reprise.
Quattropole s’appuie sur un Leitbild assez exhaustif dont les objectifs me paraissent tous avoir conservé leur pertinence. Nous savons bien que nous ne pouvons pas travailler sur tous les dossiers, mais il est particulièrement important d’impulser de nouvelles coopérations au cours des prochaines semaines ou des prochains mois. Notre vision d’avenir n’est pas remise en cause
A votre avis, la crise sanitaire actuelle renforce-t-elle la coopération transfrontalière ou révèle-elle ses faiblesses ?
L’un et l’autre. La coopération transfrontalière, qui repose essentiellement sur des contacts personnels, est déjà compliquée au quotidien. En période de crise, elle se trouve pratiquement à l’arrêt. Le premier réflexe est de se concentrer sur soi, sur sa ville, sur sa région, sur son pays.
Mais la solidarité existe. Les relations transfrontalières que j’observe prouvent que que l’on est arrivé à créer une confiance. Le maire de Metz, Dominique Gros, a demandé de l’aide à Trèves, ville jumelée membre de Quattropole. Il l’a obtenue : le transfert des premiers malades a eu lieu. Président du conseil régional du Grand Est, Jean Rottner a obtenu le soutien sanitaire qu’il demandait à ses homologues du Bade-Wurtemberg, de Sarre et de Rhénanie-Palatinat. Lorsque la crise sera terminée, ces actes de solidarité resteront dans les mémoires.
Propos recueillis par Pascale Braun
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