Jeune métropole régionale d’un bassin de 500.000 habitants, Metz mise sur l’art et sur la technologie pour sortir de l’ombre, tant à l’échelon national que par-delà les frontières, surtout les plus proches.
Au 1er janvier prochain, Metz entrera de plain-pied dans le club des 22 métropoles françaises et compte bien le faire savoir. Rarement l’agglomération aura à ce point capté la lumière. Cet été, l’artiste Yann Nguema a fait vibrer la façade de la cathédrale Saint-Etienne en y projetant sa palette de couleurs numériques. Lors de son ouverture fin novembre en face du centre Pompidou-Metz, le centre commercial Muse a dévoilé au public un parcours « arty » jalonné de jeux de lumière. En décembre, la ville espère faire admirer à deux millions de visiteurs l’éclat de son marché de Noël et de son sentier des lanternes. A Metz, la lumière est même devenue une science : Centrale Supélec, qui vient d’y ouvrir la première chaire de photonique de France, a fêté l’événement en exposant mi-novembre une sculpture lumineuse de l’artiste Eric Michel au cœur du marché couvert.
Metz Métropole a d’autant plus soif de lumière que la dernière décennie ne l’a pas épargnée. La restructuration militaire annoncée en 2008 a causé le départ de 6 000 militaires et civils, soit 15 000 personnes, familles comprises. En 2015, la réforme territoriale lui a fait perdre son statut de capitale régionale. Un an plus tard, le passage du Grand Nancy au statut de métropole a fait craindre à l’ex-chef-lieu de Lorraine de se trouver reléguée à l’ombre de son ancienne rivale.
Pour accéder à la métropolisation, Metz a choisi de mettre en lumière toutes les facettes de ressources souvent méconnues sous la bannière Art&Tech.
La stratégie de la métropolisation s’est accélérée, mais tous les éléments qui la composent sont en germe depuis longtemps. Les grands équipements mis en place au cours des trois dernières décennies reposent sur la certitude que l’avenir de Metz passe par l’innovation et la créativité.
Xavier Bouvet, directeur d’Inspire, l’agence d’attractivité de Metz Métropole
Issue de la fusion, au 1er septembre dernier, de Metz Métropole développement, de l’office de tourisme de Metz – Cathédrale et du Bureau des congrès, la structure d’une trentaine de salariés entend développer simultanément le tourisme, le tourisme d’affaires et l’implantation de nouvelles entreprises dans l’agglomération.
Sur le plan touristique, Metz s’appuie sur un patrimoine constitué de deux millénaires d’histoire. La ville postule au classement Unesco sur la base d’une architecture foisonnante témoignant de son passé romain, médiéval, renaissant et classique. Cette confrontation stylistique s’est enrichie au cours de la dernière décennie de la construction d’un nouveau centre-ville, le quartier de l’Amphithéâtre édifié sur 40 hectares de friches à l’arrière de la gare. Ouvert en 2010, le centre Pompidou Metz constitue le point d’ancrage de cette nouvelle partie de ville. Devenu le musée le plus fréquenté de France hors région parisienne, le célèbre « chapeau chinois » de Shigeru Ban est désormais flanqué d’une longue halle signée Nicolas Michelin, du centre commercial Muse, d’un millier de logements et d’une pléthore d’immeubles de bureaux. En cours de construction au long de l’accès sud de la gare, le centre des congrès accueillera dès son ouverture, en septembre 2018, la prestigieuse Electronic sports world convention (ESWC) pour trois années consécutives.
Maire de la ville durant 37 ans, Jean-Marie Rausch a fondé à Metz-Grigy l’un des premiers technopoles de France, devenu un campus technologique européen. Le site regroupe aujourd’hui 250 entreprises, 4 500 étudiants et une douzaine de grandes écoles dont l’Ecole nationale d’ingénieurs de Metz, l’école nationale supérieure des Arts et métiers et Supélec. Elu maire de Metz en 2008, le socialiste Dominique Gros y a successivement inauguré l’institut Lafayette, émanation du Georgia Institute of Technology, l’Institut de recherche technologique Matériaux, Métallurgie et Procédés (IRT M2P), et le CEA Tech. Spécialistes incontestés des transferts de technologie, ces centres de recherches nourrissent la recherche-développement de groupes mondiaux tels PSA et Thyssen Krupp.
Au savoir-faire hérité de l’industrie lourde s’est adjointe une nouvelle compétence numérique. Labellisé French Tech en juin 2015, le réseau Lor’N’tech a implanté un bâtiment totem dans un ancien entrepôt de bus messin. Avec une centaine de résidents quotidiens, TCRM Blida n’a rien à envier aux grands hot-spots français de l’économie digitale. La nouvelle métropole devra jouer de ces atouts pour construire une visibilité nouvelle tant sur le plan national qu’à l’échelle transfrontalière.
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