Président du conseil général de Meurthe-et-Moselle, Mathieu Klein a été missionné en octobre 2014 par Jean-Pierre Masseret, président du conseil régional de Lorraine, pour coordonner la préparation de la Stratégie allemande de la Lorraine. Les pilotes des différents groupes de travail ont jusqu’en juin pour rédiger une feuille de route.
La Stratégie allemande de la Lorraine constitue-t-elle le pendant lorrain de la Frankreichstrategie de la Sarre ?
Notre stratégie va au-delà d’une réponse positive et favorable à l’initiative sarroise : elle vise à une meilleure prise en compte de la réalité européenne de la Lorraine. Nous devons coordonner l’ensemble des acteurs lorrains en direction de l’Allemagne, au-delà de la Sarre. Nous souhaitons le renforcement des échanges avec notre voisin sarrois, mais aussi avec la Rhénanie-Palatinat et le Bade-Wurtemberg, en lien avec nos partenaires alsaciens de la future région Alca. L’ouverture vers les voisins luxembourgeois, belges et allemands constitue un enjeu pour tous les Lorrains, qui doivent mieux apprécier l’espace de vie européen en termes d’emploi, d’apprentissage, de culture, de transports et plus généralement, de connaissances.
Comptez-vous soutenir les coopérations frontalières locales ou en développer de nouvelles sur des périmètres élargis ?
La coopération avec l’Allemagne repose sur des states complémentaires. Elle ne démarre pas aujourd’hui. Les collectivités frontalières, le conseil général de la Moselle, l’université, le conseil régional ont déjà noué des coopérations fortes. Nous prendrons appui sur les réalisations existantes en matière de santé ou d’apprentissage. Mais l’enjeu politique de la stratégie allemande de la Lorraine ne se limite pas à aux réalisations de la zone frontalière.
Nancy accueille le Goethe Institut, spécialisé dans l’apprentissage de l’allemand, Science po Nancy, qui constitue le campus franco-allemand le plus actif de France, ou encore le festival de théâtre contemporain allemand Neue Stücke. Ces exemples illustrent l’enjeu d’une coopération entre l’Allemagne et la Lorraine au-delà de la zone frontalière, mais il ne faut en aucun cas opposer l’une et l’autre. Il était important qu’un non frontalier direct pilote la démarche, mais j’y associe étroitement Patrick Weiten, président du conseil général de la Moselle, très impliqué dans la coopération de proximité. L’essentiel est que nous mettions le curseur au bon niveau.
La politique allemande de la Lorraine permettra-t-elle de mieux mobiliser les fonds européens ?
Le conseil régional de Lorraine a été la première région de France à piloter les fonds européens. Ce mode de gestion est certainement le plus dynamique, mais les fonds européens restent insuffisamment exploités. Il ne tient qu’à nous de susciter et d’obtenir des crédits européens. Si nous savons nous montrer convaincants, nous parviendrons à proposer ensemble de grands projets d’infrastructures comme les transports en commun transfrontaliers dans l’est mosellan ou des solutions de type monorail entre Thionville et Luxembourg. Si les régions frontalières parviennent à démontrer une force et un poids commun, c’est à notre portée.
--Télécharger l'article en PDF --