La démarche Agrivair a-t-elle tenu ses promesses économiques et environnementales ?
Jusqu’à ce jour, oui. Les critères de densité d’élevage ont été respectés et ils ont préservé la qualité des eaux et les paysages remarquables. Mais ce modèle ne tient que sur des prairies permanentes pour l’élevage de bovins lait et viande. La crise du lait brouille le modèle. Les exploitations qui ont fait le choix du bio s’en sortent, mais, pour les autres, le prix de vente n’est plus porteur. Or, si une prairie ne permet pas de vivre, le modèle ne fonctionne plus.
Qu’en avez-vous retiré ?
Nous avons mis au point des systèmes de bougies poreuses, des capteurs enfoncés à environ 1,20 m de profondeur, qui renseignent sur la qualité de l’eau dans tous les types de sols et quels que soient les aléas climatiques. Exportable et exportée, cette méthode alimente des bases de données qui synthétisent dix-sept ans de données sur l’impluvium. Exempt de pesticides depuis 1992, le périmètre d’Agrivair démontre que l’on peut pratiquer une agriculture intensive sans pesticide ni nitrate. Le modèle a fait école. Il existe aujourd’hui 19 démarches analogues en Alsace, 11 en Lorraine et bientôt 18 en Haute-Marne.
Ce mode de prévention peut-il se généraliser ?
Oui, mais le message est difficile à faire passer, car il va à l’encontre de certains intérêts économiques. Pour l’instant, nous restons dans une logique de pollution en amont et de dépollution en aval. Or, il est plus rentable de limiter la pollution en amont. L’Allemagne et les pays du nord de l’Europe ont intégré une démarche beaucoup plus préventive.
En France, il n’existe pas de dispositif juridique permettant de payer à l’agriculteur les services qu’il rend à la collectivité en appliquant des préceptes simples : passer au bio, entretenir des prairies permanentes et produire de la biomasse en assurant des cultures pérennes de noisetiers, de saules ou de miscanthus. Plus généralement, il faut inculquer une culture de la protection de la ressource. L’exemple d’Agrivair n’est pas encore très connu, mais il prouve que l’on peut reconquérir la qualité de l’eau assez facilement si on s’en donne les moyens.
Propos recueillis par Pascale Braun
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