Tous les parcs animaliers de France devraient avoir rouvert d’ici à début juin. Privés durant 10 semaines de la ressource des entrées, ils ont bénéficié d’aides étatiques et du soutien de leur public.
Début juin, les animaux des parcs zoologiques français verront à nouveau affluer les humains qui arrivaient d’ordinaire en cohortes dès la fin du printemps. Ils n’ont pas pâti de l’absence forcée de leurs visiteurs.
Nous avons été soutenus au titre de notre mission de service public de protection des espèces. Grâce aux aides obtenues et au soutien de nos visiteurs j’ai bon espoir que l’impact de la crise sanitaire sur notre activité soit d’assez courte durée.
Rodolphe Delord, directeur général du zoo de Beauval à Saint-Aignan (Loir-et-Cher) et président de l'Association française des parcs zoologiques, qui regroupe 200 établissements, dont 69 parcs privés
Appel aux dons
Privés de ressource, mais contraints d’assurer un niveau d’entretien, d’alimentation et de soins inchangé, les parcs zoologiques ont su surmonter une situation potentiellement périlleuse. Outre le chômage partiel qui a permis de rémunérer les personnels affectés à l’accueil des visiteurs et le prêt garanti par l’Etat qui devrait rassurer les banquiers, la profession a obtenu l’inscription dans la loi de finance rectificative 2020 d’une aide de 17 millions d’euros. La mesure dont le versement reste à concrétiser est censée couvrir 60 % des frais fixes assumés par les établissements durant une période initialement prévue du 15 mars au 15 mai.
Le gouvernement a voulu sauver une filière structurante tout en tenant compte de l’opinion publique et des passionnés d’animaux, qui n’auraient pas compris que l’on abandonne les parcs zoologiques.
Pierre Singer, directeur du parc animalier de Sainte-Croix (Moselle)
Certains zoos ont appelé directement le public à la solidarité, tel le parc de félins des 3 Vallées, dans le Tarn, ou le parc animalier d’Auvergne, qui a collecté près de 20.000 euros grâce à un appel aux dons. D’autres structures ont trouvé quelques liquidités en vendant des billets à l’avance.
Le panda et l’écrevisse
Les zoos laisseront pourtant des plumes dans la crise du Covid. Navire amiral du secteur, Beauval s’attend à perdre 40 % de son chiffre d’affaires, qui se montait à 75 millions d’euros en 2019. La faute aux mesures sanitaires qui engendreront des frais supplémentaires et l’annulation des visites de groupes et des sorties scolaires. Pour attirer une nouvelle clientèle, certains zoos, dont celui de Beauval, mais aussi celui d’Amnéville, en Moselle, baisseront le tarif des entrées.
Les parcs qui étaient déjà fragilisés avant la crise risquent de ne pas s’en remettre. Il faut développer de nouveaux modèles basés sur la protection des espèces, en intégrant une vision plus moderne de la zoologie.
Pierre Singer
Beauval multiplie les démonstrations spectaculaires en la matière, comme la réintroduction l’an dernier de deux jeunes gorilles au Congo. Sa fondation Beauval Nature finance le gardiennage de nids de cacatoès en pleine forêt à Java. A Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire) le Bioparc coopère depuis deux décennies avec l’ONG malgache Antongil Conservation pour réintroduire des animaux rares dans des forêts replantées. La réserve zoologique de Calviac, en Dordogne, n’accueille que des espaces menacées. En Moselle, le fonds de dotation Sainte-Croix Biodiversité joue une carte plus locale : il s’enorgueillit d’avoir réintroduit une espèce autochtone, l’écrevisse des torrents, dans les Vosges du Nord.
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