Un mariage d’amour avec l’artisanat
Dirigeante d’entreprise, représentante des artisans meusiens, élue et conseillère, Lucette Collet défend fièrement les valeurs de la diversité et du savoir.
A la fois gérante de société, présidente de la chambre des métiers et de l’artisanat de Lorraine, première vice-présidente du conseil économique, social et environnemental (Cese) de Lorraine, élue à la communauté de communes de Verdun, vice-présidente de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb) et fondatrice de l’Union professionnelle artisanale de la Meuse, Lucette Collet est bien trop élégante pour faire étalage de ses titres. La « dame au chapeau » présente un accueil aimable autant que réservé.
« J’ai besoin de comprendre ce que l’on attend de moi », explique cette femme engagée dans de multiples causes où prévalent le courage, le goût du savoir et le partage de la ruralité. La presse régionale la suit fréquemment dans sa Meuse natale, qu’elle n’a jamais quittée. Ici, elle salue l’alliance entre un boulanger et un restaurateur. Là, elle présente le point d’étape d’une étude sur l’apport de la population immigrée sur le bâti meusien de 1920 à 1975.
Toujours et partout, elle défend l’accueil de l’étranger, prône la diversité et encourage ses pairs à s’enrichir du travail universitaire.
Lorsqu’elle s’investit dans le réseau ” université-artisanat “, Lucette Collet combat une autre discrimination, celle des artisans qui ont rarement voix au chapitre.
Mohamed Bayad, directeur de l'Institut d'administration des entreprises, de l'université de Nancy.
Le plus bel outil de cohésion sociale
Catholique et républicaine, cette fille de facteurs d’orgue se destinait au métier d’assistante sociale lorsqu’elle épousa l’artisan chauffagiste avec lequel elle partage sa vie depuis 35 ans. L’entreprise verdunoise compte parmi les pionnières des énergies renouvelables. A l’instar de son mari, devenu expert en pompes à chaleur, et de son beau-frère ingénieur, elle se spécialise dans la technique au point de se voir proposer un poste à EDF. Cette mère de deux garçons décline l’offre et reste fidèle à sa PME. La SARL Collet n’a jamais dépassé la dizaine de salariés, mais son excellence lui a ouvert le marché des piscines des plus luxueuses résidences du Grand Est.
Dès que je suis entrée dans le monde de l’artisanat, j’ai su qu’il serait riche de contacts forts, non mercantiles. J’ai attendu que mes deux garçons soient adolescents pour intégrer l’école des cadres de la Capeb. J’y ai vécu comme une révélation cet éclairage sur les systèmes politiques et les mécanismes auxquels sont soumises de toutes petites structures face à d’énormes pôles urbains.
Lucette Collet
Convaincue à la fois de la richesse et de la fragilité des territoires ruraux, elle voit dans l’artisanat le plus bel outil de cohésion sociale. Inflexible quant aux discriminations liées aux origines, la dame ne fait pas dans la dentelle lorsqu’elle défend la diversité.
Tout ce qu’il faut demander aux gens, c’est leur compétence. Ceux qui ne croient pas en mon message porteront la responsabilité de leur disparition. Ils n’auront pas voulu entendre ceux qui tapent à leur porte et se retrouveront seuls. Le message est universel : si la France se sclérose, elle méritera son sort.
A 54 ans, la jeune grand-mère se décharge de quelques valises.
Je crée, puis je m’en vais, lorsque je sais que d’autres pourront accomplir la mission. Mais je continue à me frotter à certains dossiers. Si quelqu’un doit s’y casser les dents, je préfère que ce soit moi, plutôt que mes petites-filles plus tard.
Au menu, la lutte contre les ségrégations, mais aussi l’accès aux soins et les infrastructures qui permettront au territoire meusien de conserver son charme et le savoir-faire glorieux des artisans locaux.
dates clés
- 1984 : Engagement dans le syndicalisme.
- 2002 : Création de l’Union professionnelle artisanale de Lorraine.
- 2011 : Lucette Collet s’apprête à fonder l’Union régionale des métiers et de l’artisanat (Urma).
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