« La stigmatisation de l’étranger reprend de l’ampleur »
La Capeb de la Meuse lance une étude sur l’apport de la population immigrée au bâti départemental, entre les années 1920 et 1970. Qu’attendez-vous de cette recherche ?
Copilotée par l’association d’accueil aux travailleurs migrants Atrami, l’étude prouve l’apport des populations étrangères au patrimoine départemental. La technique d’association de carrelages dite granito, le savoir-faire des Transalpins en matière de résistance des matériaux à l’humidité, ou encore les couleurs qu’ont apportées les peintres turcs sur des façades auparavant plutôt ternes, sont autant de traces visibles qui confèrent au territoire une particularité, et qui ajoutent au charme des maisons.
Les entrepreneurs et artisans meusiens continuent-ils à faire appel à la main d’œuvre immigrée ?
L’embauche a été stoppée par la crise de 2008 et ne reprend que lentement. Je ne suis pas hostile à l’existence de listes de métiers en tension ouverts à l’immigration, car elle clarifie le principe d’un contrat de travail qui devrait nous conduire à remercier ceux qui sont venus répondre à nos besoins. Il existe des outils pour combler les éventuelles lacunes professionnelles des nouveaux arrivants.
Comment accueillez-vous les propositions visant à restreindre l’immigration de travail ?
Elles me mettent dans l’embarras. Il y a nécessité de protéger les travailleurs immigrés que l’on a déjà accueillis, et pour lesquelles le travail est le meilleur mode d’intégration. Si nous ne consentons pas cet effort, je crains que de trop grandes migrations ne nuisent aux travailleurs autochtones étrangers ou d’origine étrangère. La stigmatisation de l’étranger, qui régressait nettement, est en train de reprendre de l’ampleur.
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