Luc Wagner dirige depuis 2016 l’Agence luxembourgeoise d’action Culturelle (Alac), qui a été créée en 1996 à l’issue de Luxembourg, ville européenne de la Culture 1995, et qui pilote des projets dans le domaine culturel pour le compte de la Ville de Luxembourg et du ministère de la Culture.
Six semaines après la constitution d’un nouveau gouvernement, l’agence se prépare à prendre en charge de nouvelles missions pour conforter le rayonnement transfrontalier et européen du Grand-Duché.
En décembre dernier, Sam Tanson, ex-première échevine de La ville de Luxembourg, a été nommée ministre de la Culture et du logement. Avec cette nomination, la culture luxembourgeoise entre-t-elle dans une nouvelle ère ?
Plusieurs signaux vont dans ce sens. La nouvelle ministre fait partie d’une génération politique qui a dit clairement ce qu’elle veut faire et compte impacter les choses. La Culture relevait jusqu’à présent des compétences du Premier ministre Xavier Bettel. La nouvelle ministre pourra consacrer plus de temps à ce domaine, pour lequel elle exprime une forte affinité. Elle s’appuiera sur le travail de Jo Kox, qui a présenté en juin dernier le Plan de développement culturel 2018/2028 et qui a été nommé premier conseiller du gouvernement au ministère de la Culture. Ce travail préparatoire pose les jalons d’une nouvelle politique culturelle ambitieuse tournée vers l’international.
Quelles sont vos propres priorités dans ce nouveau cadre ?
Il est encore trop tôt pour le dire, d’autant que le budget du ministère n’est pas encore voté. Les grandes lignes d’action définies par la nouvelle équipe vont apparaître au fur et à mesure, et nous y verrons alors plus clair. Notre équipe de 17 personnes se concentre pour l’heure sur ses trois missions principales : la gestion de la billetterie nationale et des portails internet qui y sont reliés, celle du Cercle Cité pour la location des espaces et la programmation culturelle et enfin, la coordination de projets culturels ponctuels. Nous avons ainsi lancé fin 2018 le site Events in Luxembourg, qui confère une meilleure visibilité à l’ensemble de la scène culturelle luxembourgeoise.
Vos projets comportent-ils une dimension transfrontalière ?
C’est souvent le cas. L’an dernier, nous avons ainsi organisé la présence du Luxembourg au salon du Livre de Frankfort et nous avons coopéré avec les Imaginales d’Epinal à l’occasion de l’exposition « There and back again, visions de Tolkien et d’ailleurs » au Cercle Cité, coproduite avec la Ville de Luxembourg et le Luxembourg City Film Festival. Cette année, nous sommes associés à la rétrospective du prix Robert Schuman prévue à la Villa Vauban et au Cercle Cité en fin d’année.
Qu’est devenu Plurio, le portail culturel de la Grande Région ?
L’Agence a joué un rôle de sage-femme dans la création de ce portail et en a assuré le secrétariat depuis sa création. La gouvernance de Plurio relève maintenant de l’Espace culturel de la Grande Région. Il nous est apparu que le projet ne suscitait pas un engouement égal parmi toutes ses composantes. Côté français, la réforme territoriale a induit beaucoup de changements et nos interlocuteurs historiques en Lorraine ont pour la plupart changé de poste. Certaines instances de coopération, telle Arteca, ont été dissoutes. Nous attendons que la réorganisation soit achevée pour y voir plus clair.
Voyez-vous des exemples de coopération susceptibles de conforter l’identité culturelle de la Grande région ?
Oui. L’année européenne du patrimoine culturel, qui s’est déroulée en 2018, a été un succès. Il existe aussi d’autres coopérations transfrontalières amorcées dans le cadre de projets Interreg, comme par exemple “Land of memory” – Terres de souvenirs sur les champs de bataille de la Grande Région.
Nous assistons également à de des initiatives moins médiatisées, mais très efficaces. Par exemple, les professionnels de la danse ont constitué le réseau Grand Luxe, très actif dans son domaine. Nous ne sommes plus dans la même configuration qu’en 2007, année où Luxembourg a été capitale européenne de la culture avec la Grande Région. A cette époque, tout le monde parlait de coopération transfrontalière. Aujourd’hui, nous sommes plutôt en présence de secteurs qui s’internationalisent et créent des réseaux transfrontaliers pour se promouvoir, mais aussi pour s’entraider. La coopération culturelle cherche un deuxième souffle. Un grand projet fédérateur pourrait le lui apporter : Esch 2022 pourra peut-être jouer un rôle dans ce contexte. Mais une coopération discrète au quotidien peut être plus durable qu’un feu d’artifice.
A quels projets européens participez-vous ?
Nous assurons le Creative Europe Culture Desk pour le Luxembourg en orientant les acteurs culturels luxembourgeois dans la recherche de financement dans le cadre de projets européens. Dans le domaine de la musique, on peut citer dans ce contexte la participation de la Rockhal au réseau liveurope.eu. Dans le domaine de la culture comme dans d’autres, le Luxembourg est trop petit pour rester dans ses frontières.
Propos recueillis par Pascale Braun
--Télécharger l'article en PDF --
Poster un commentaire