Le festival Passages, qui a ouvert le 1er juin 2018 la deuxième édition de son festival international de la jeune création Ecoles de Passages, porte également le projet Interreg Bérénice. Ce réseau d’acteurs culturels et sociaux de la Grande Région prône une plus large représentation de la diversité, tant sur scène que dans le public.
Spécialiste de l’interculturalité franco-allemande en théâtre et titulaire d’une licence en coopération transfrontalière, Louise Beauchêne exerce depuis mars dernier la fonction de chargée de mission Bérénice.
Ecoles de Passages a ouvert le 1er juin sa deuxième édition. Comment ce festival international de la jeune création compte-t-il s’inscrire dans la durée ?
Le festival se traduit par une programmation, mais aussi par des rencontres entre étudiants de différentes écoles internationales de cirque, de danse ou de théâtre. Durant les matinées qui précèdent les représentations, ils ont carte blanche pour s’échanger des techniques de cirque, de théâtre ou de danse. Ces rencontres entre artistes venus de Tunisie, du Burkina Faso ou de Charleville-Mézières créent des liens qui feront perdurer ce festival.
Quel rôle tient le projet Bérénice dans le festival Passages ?
Passages est le chef de file du projet Interreg Bérénice. Dans la Grande Région, les partenaires de ce projet (1) se battent pour une culture qui intègre. Son objet est de créer du lien et de lutter contre les discriminations induites par la langue, la culture ou le handicap.
Pour sa deuxième édition, Ecoles de Passages programme sur l’île du Saulcy, à Metz, et au centre nautique de Montigny-les-Metz, cinq productions labellisées Bérénice : « l’Atelier 29 », le spectacle de fin d’études du Centre national des arts du cirque, « Destination Boribana », une pièce africaine sur la migration clandestine, « les Enfants perdus » présentés par le Théâtre national de Tunis, « Qui me comprend », réalisé par des Messins et des réfugiés vivant à Metz dans le cadre des ateliers El Warsha et le Cercle de craie caucasien produit par l’Institut international de la marionnette de Charleville-Mézières.
Outre ce label, Bérénice a constitué Bérénice Factory, une plateforme d’accueil des artistes réfugiés au sein de la Grande Région, et une Caravane Bérénice qui présentera ses spectacles en Allemagne, en Belgique et en France.
Comment l’aspiration à la diversité se traduit-elle dans la Grande région ? Les problématiques et les réponses sont-elles identiques ?
Pas tout à fait. Les régions de Liège, de Metz et de Sarrebruck ont pour point commun leur passé ouvrier, mais les réfugiés ne viennent pas des mêmes pays. Ils sont majoritairement Albanais en Lorraine, plutôt Syriens et Afghans en Allemagne et en Belgique.
Les pratiques professionnelles ne sont pas les mêmes. En France, les médiateurs interagissent avec le public sur un mode culturel. En Allemagne, ce lien est assuré par les pédagogues de théâtre assurent, qui interviennent sur un plan beaucoup plus artistique.
Par ailleurs, les droits et les statuts des réfugiés varient en fonction des régions. En avril dernier, une rencontre professionnelle a réuni à Trêves des médiateurs, des programmateurs, des avocats et des artistes sur la question du lien social avec les réfugiés. Il faut instaurer des échanges entre travailleurs de la culture, du travail social et du secteur juridique, pour mieux connaître les droits des gens.
Quel rôle les fonds Interreg jouent-ils dans la structuration des arts vivants dans la Grande Région ?
Pour l’instant, l’actuel programme Interreg Grande Région V A n’inclut pas l’axe culturel dans ses priorités, contrairement aux programmes précédents. Le monde des arts regrette vivement cette absence qui semble paradoxale, alors même que l’Union européenne assure vouloir créer une identité commune.
Les porteurs de projets associant social et culture sont régulièrement consultés par le biais de questionnaires qui font remonter leurs souhaits. Outre leur souhait de voir la culture revenir dans les thèmes prioritaires des prochains programmes, ils insistent sur les procédures très lourdes qui mobilisent plus de temps pour l’administratif que pour la création et plaident pour un fonctionnement allégé. Je ne sais pas si ces avis seront pris en compte.
Propos recueillis par Pascale Braun
(1) Passages (chef de file), l’EPCC Metz en Scènes, le Théâtre de Liège (Belgique), le Trier Theater (Allemagne), et l’association Chudoscnik Sunergia d’Eupen (Belgique). Lancé en 2016 pour une durée de trois ans, Bérénice arrive à mi-parcours.
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