A cinq kilomètres du centre-ville de Metz, Lorry-les-Metz présente l’aspect d’un paisible village forestier. Inscrite parmi les sites Natura 2000 du Mont Saint-Quentin, la commune protège son patrimoine naturel et restreint l’urbanisation pour préserver le cadre de vie de ses 1.750 habitants.
A Lorry-les-Metz, où que se pose le regard se profilent des arbres. Disséminés dans les deux parcs publics du village, alignés dans les allées des vieilles maisons de maître, répartis dans des bosquets lointains ou formant, dans le bois des Prussiens tout proche, une réserve naturelle de proximité, ils constituent la trame dense et stable du hameau de 1.750 habitants. En son milieu coule le Rhône, petit ruisseau chantant qui irrigue nombre de zones humides jusqu’à la grande commune industrielle de Woippy.
Nous comptons placer l’eau au cœur de notre plan paysage et en faire un outil d’aménagement du territoire et un support éducatif.
Philippe Gleser, maire de Lorry-les-Metz
Le Rhône coule de source
L’élu est également vice-président de Metz-Métropole en charge de la transition écologique et des paysages. Chacun des 13 villages situés sur les contreforts du mont Saint-Quentin mettra en valeur un élément patrimonial. A Lorry-les-Metz, le choix du Rhône coule de source, tant le ruisseau a joué un rôle essentiel dans l’émergence même du village. La ligne de démarcation invisible entre un plateau calcaire, irrigué par de nombreuses sources, et une masse argileuse, constitue le point d’ancrage de nombreux villages entre Thionville et Nancy. Lorry-les-Metz est l’un des mieux préservés. Ses espaces naturels particulièrement riches lui valent un classement Natura 2000 et plusieurs sites répertoriés en Zones naturelles d’intérêt écologique faunistique et floristique (Znieff).
Nous défendons un plan paysage à l’échelle du village pour revitaliser les sources et ressources délaissées, préserver la biodiversité des zones humides et protéger les arbres anciens de grande taille menacés par les sécheresses estivales de plus en plus longues.
Marc Friedrich, animateur du groupe « eau, bien commun » de l’association des jardins de Ker-Xavier Roussel
Né à Lorry-les-Metz en 1867, ce peintre postimpressionniste d’avant-garde peignait entre autres des paysages et des forêts. Certains hêtres, tilleuls et séquoias enracinés dans la commune datent de son époque.
Piments calcaires
L’eau du Rhône a longtemps alimenté les lavoirs et abreuvoirs, mais aussi trois moulins utilisés pour affiner des pigments calcaires, dont l’un subsiste encore. Son cours abondant en hiver et régulier en toute saison pourrait aujourd’hui répondre à de nouveaux usages. Les Jardins de Ker-Xavier Roussel proposent de végétaliser les anciens lavoirs et de les convertir en îlots de fraicheur durant les canicules. Ses membres envisagent également de réhabiliter des sources délaissées et de stocker les eaux récupérées en hiver pour irriguer des cultures maraîchères – un projet au long cours que la municipalité entend bien mener à terme.
Nous comptons repenser l’organisation de la cantine pour proposer des menus bio en circuits courts et en régie directe.
Philippe Gleser
Zones humides et pelouses sèches
Jadis viticole et connu pour ses fraises, le village ne conserve plus de trace de ces anciennes cultures. Les vergers essentiellement composés de pommiers retournent parfois à l’état de friches. En revanche, la flore sauvage se porte bien, comme en témoigne Alain Genevé, pharmacien lorriot auteur, avec son épouse Marie-Jeanne, de « La botanique à hauteur d’enfant » (éditions du Rouergue, 2020).
Il est important de faire connaître la flore aux enfants, car on protège bien ce que l’on connaît bien. Lorry-les-Metz est un jardin botanique à ciel ouvert, où se côtoient à quelques mètres de distance des espèces caractéristiques des zones humides et des pelouses sèches. Ce printemps, en 55 jours de confinement, j’y ai constitué un herbier de 55 plantes !
Alain Genevé
La faune n’est pas en reste : le village abrite plusieurs oiseaux protégés dont le tarier pâtre, le torcol fourmilier et la chouette revêche, plusieurs espèces de reptiles et d’amphibiens et des chauves-souris nichant dans d’anciens ouvrages militaires.
Patrimoine vivant
Le plan local d’urbanisme tient compte du patrimoine vivant, tout en ouvrant trois zones à la construction. La nouvelle équipe municipale entend néanmoins limiter l’urbanisation. Les 70 logements prévus sur la zone du Chêne seront revus à la baisse. Le projet de petits collectifs au lieu-dit la Bergerie est différé et le lotissement envisagé sur la zone du Moulin, écarté. En revanche, des petits collectifs pourraient voir le jour au niveau de la Croix de Lorry, où la municipalité envisage aussi l’implantation d’une maison médicale.
Très résidentielle, notre commune ne comporte qu’une cinquantaine d’appartements sur 800 habitations. Il faut donc diversifier l’habitat tout en adaptant l’existant au vieillissement et à la transition climatique.
Philippe Gleser
Le foncier neuf s’avère très cher, mais les biens anciens nécessitant de lourds travaux de réhabilitation restent abordables. Des jeunes couples plutôt aisés, travaillant parfois au Luxembourg, se saisissent de ces opportunités, assurant la diversité et le renouvellement du village. La municipalité compte solliciter l’avis de l’ensemble des habitants via des conseils partitifs qui débattront des futurs équipements de la commune.
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