La Lorraine, riche de ses friches ?
Cette fois, les engins seront au rendez-vous. Eiffage TP lance cet hiver à Illange les préparatifs du grand chantier Itec-Terralorraine, qui doit accueillir à brève échéance un show-room de 180 000 mètres carrés et les sièges sociaux de 2 000 entreprises chinoises au long de la Moselle. Un an de retard sur le calendrier initial et de fortes turbulences à la tête du projet laissent perdurer quelques doutes quant à la concrétisation de la base logistique franco-chinoise, mais la perspective d’un chantier de 150 millions d’euros et de 3 000 emplois nouveaux se précise bel et bien. L’implantation dans le nord mosellan d’une base avancée du commerce chinois ne se fera sans doute pas sans dégâts, mais l’ampleur du projet transformera radicalement l’économie départementale et régionale.
Le cas échéant, c’est à son passé sidérurgique que la Moselle devra cette nouvelle donne. Entre Illange et Thionville, quelque 200 hectares de friches bien connectées au rail, à la route et aux voies navigables pourraient dans un deuxième temps se couvrir d’entrepôts et créer 30 000 emplois. Mais cette reconversion aura demandé 40 ans de patience, puis d’opportunisme. A Metz, il aura également fallu près d’un demi-siècle pour que les friches ferroviaires béantes à l’arrière de la
gare offrent à la ville la chance d’implanter le centre Pompidou, puis d’engager la construction d’un nouveau cœur de ville sur le quartier de l’Amphithéâtre. Nancy aura mis moins longtemps à reconvertir ses anciennes casernes Blandan en édifiant Artem, qui compte d’ores et déjà parmi les 12 campus d’excellence français. En centre-ville, l’opération Nancy Grand Cœur repose en bonne partie sur la requalification de l’ancien tri postal, qui accueillera bientôt le centre des congrès Jean Prouvé, et sur le transfert de la prison Charles III, repoussée dans le quartier populaire du plateau de Haye pour laisser le champ libre aux promoteurs.
D’un XXème siècle tourmenté, la Lorraine a conservé une profusion de vestiges militaires, hospitaliers, industriels, sidérurgiques ou miniers – sans pour autant pouvoir s’estimer riche de ses friches. Metz Métropole se serait bien passée des 400 hectares de la base aérienne 128 tombés dans son escarcelle pour l’euro symbolique. Dans le bassin ferrifère, l’exploitation du minerai a laissé aux communes des sous-sols dévastés et des surfaces inconstructibles. A Forbach, les bâtiments du puits Simon, dont certains sont classés monuments historiques, tombent en ruine et obstruent l’avenir. Même transfigurées à l’instar du Carreau Wendel de Petite-Rosselle ou du haut-fourneau d’Uckange, les friches nous rappellent que l’on ne fait jamais vraiment du passé table rase.
Pascale Braun
Alfred Peter paysagiste, maître d’œuvre du Scot du Val de Rosselle. septembre 2013
À la tribune
Le golf est construit sur des friches sidérurgiques dont le sous-sol a révélé quelques surprises. Le coût du projet avait certainement été sous-estimé au départ. Mais il est aujourd’hui impensable d’arrêter ce chantier de dimension internationale en laissant une énorme dette publique et morale.
André Ferrari, chargé de mission auprès de la Communauté d’agglomération de Longwy. avril 2010
Patrick Weiten, président du conseil général de la Moselle. septembre 2012
À la Une
750 millions d’euros de projets solaires en Lorraine
Le Moniteur du 28 juin 2010
Grande consommatrice foncière, l’énergie solaire trouve en Lorraine une ressource abondante, dans les friches militaires et industrielles. Pour attirer les projets, le bonus tarifaire compense le faible ensoleillement.
Deuxième région productrice d’énergie éolienne de France avec 493 MW installés, la Lorraine se propose à présent de convertir son soleil en retombées sonnantes et trébuchantes. A la faveur des tarifs d’achat préférentiels pour les régions faiblement ensoleillées, les opérateurs nationaux et les collectivités locales des quatre départements ont annoncé une demi-douzaine de projets pour un investissement cumulé de 750 millions d’euros.
Après la déroute de Daewoo, reconversion des sites, mais pas des salariés
Entreprise & Carrières du 24 avril 2007
Trois ans et demi après la déroute de Daewoo, qui employait 1 120 salariés en Lorraine, les trois anciens sites du groupe coréen ont trouvé preneurs. Mais la reconversion des anciens salariés s’avère nettement plus difficile à évaluer.
A première vue, les trois sites lorrains affectés par la déroute de Daewoo semblent avoir pansé leurs plaies. Les trois anciennes usines ont engagé ou finalisé leur reconversion et les repreneurs devraient y créer un nombre d’emplois quasi équivalent aux 1 200 licenciements secs de janvier 2003.
Sept quartiers durables primés en Lorraine
UrbaPresse du 13 mars 2013
Une grande diversité prévaut parmi les sept lauréats primés par le conseil régional de Lorraine à l’occasion de son deuxième appel à projets « Quartiers durables ». Lancé au printemps 2012, le concours a retenu deux réalisations en cours : l’extension de 350 logements dans le quartier déjà dense des Longues Rayes à Blénod-Lès-Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), et l’écoparc de Saint-Dié (Vosges).
Les deux lauréats bénéficieront d’un accompagnement de 500 000 euros cofinancé par le conseil régional et d’Ademe. Les cinq projets en phase de conception, qui obtiendront la prise en charge à 70 % de leurs frais d’études, portent tantôt sur des reconversions, tantôt sur des densifications.
Louis-François Reitz, directeur général délégué, chargé de la prospective à la mairie de Metz
La Gazette du 16 mai 2011
Écarter les oeillères
L’urbaniste positionne l’agglomération messine dans la Grande Région qui émerge aux confins de la Lorraine, du Luxembourg, de la Belgique et de la Sarre.
Silhouette de marathonien, visage bronzé et montre de prix, Louis-François Reitz évoque de prime abord aussi bien l’homme d’affaires que le cadre supérieur ou l’intellectuel. Le directeur général délégué chargé par la ville de Metz (Moselle) d’une mission « prospective et enjeux métropolitains » a exercé ou cumulé ces fonctions pour jalonner un parcours tout entier dédié à l’anticipation.
Alfred Peter paysagiste, maître d’œuvre du Scot du Val de Rosselle
Traits urbains du 22 septembre 2013
« Laisser la plupart des friches retourner à la nature »
Le bassin houiller est-il parvenu à trancher la répartition des moyens entre les noyaux urbains et les anciennes cités minières excentrées ?
Le Scot prévoit de recentrer les moyens en priorité sur les logements vacants et sur la densification des centres urbains plutôt que sur les cités éloignées de tout.
Si on veut donner une attractivité à ce bassin, il faut se concentrer sur quelques objectifs bien ciblés. La question se pose dans les mêmes termes pour les friches.
Artem, un campus urbain pour 2015
Le Moniteur du 25 juillet 2011
Derrière les palissades, le campus Artem prend forme : d’ici à 2015, il regroupera sur un même site les grandes écoles d’art, de commerce et d’industrie de l’agglomération nancéienne.
En dépit d’une mauvaise formulation du béton, qui a obligé Eiffage à reconstruire la moitié des fondations, l’Ecole des Mines est sortie de terre dans les délais prévus et accueillera ses premières promotions dès 2012 sur 15 000 m2.
Terralorraine, terre d’accueil des entreprises chinoises
La Tribune du 1er septembre 2012
Patrick Weiten, le président du conseil général de la Moselle fait bâtir une immense vitrine de la Chine en Europe : TerraLorraine, à Illange. Un site de 130 hectares, 2 000 entreprises, 3 000 emplois prévus dès 2014. 150 millions d’euros d’investissement, sans un seul centime d’argent public.
Ancien joueur de volley et de tennis, Patrick Weiten aime les coups décisifs. Moins d’un an après son arrivée à la tête du conseil général de la Moselle, il concrétise, avec la future base arrière de la Chine, TerraLorraine, à Illange, une stratégie industrielle instaurée par son prédécesseur voici plus de dix ans.
Fermeture de la base aérienne 128 : Metz attend toujours ses emplois publics
La Gazette du 23 janvier 2012
L’Etat a promis de délocaliser 1 500 postes pour compenser les suppressions d’emplois consécutives aux restructurations de 2008.
Venu présenter ses voeux aux travailleurs de la Saint-Sylvestre à Metz le 1erjanvier, Nicolas Sarkozy s’est gardé d’aborder le thème des restructurations militaires qui prennent, dans la ville mosellane de 124 000 habitants, une tournure orageuse. En 2008, l’exécutif avait promis de créer en trois ans 1 500 emplois publics afin de compenser la suppression de 2 500 postes engendrée par le plan de modernisation de la défense.
A Joeuf, un écoquartier panse les plaies de l’après-mines
Le Moniteur du 24 septembre 2012
Sous le titre « Villes en perspective », le colloque sur l’éco-urbanisme marquera un temps fort dans la renaissance de Joeuf, le 5 octobre au cinéma municipal, avec la participation du Moniteur.
Plombée par les affaissements miniers et la désindustrialisation, la commune voit dans les friches de l’ancienne usine de tubes d’acier Europipe l’ultime opportunité de relancer un urbanisme de qualité.
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