Dans la fonction publique territoriale, un chantier peut en cacher un autre.

Dix ans après sa nomination à la direction des services du conseil général de la Moselle, Lionel Fourny pouvait estimer sa mission accomplie : le département, qui présentait à son arrivée un net retard de management et d’organisation, compte aujourd’hui parmi les plus avancés de France en matière d’informatique et de gestion de projets. Et pourtant :

Aucun pari n’est définitivement gagné. En Moselle, la prochaine étape de la décentralisation nous conduira à intégrer 950 agents d’entretien des collèges et 350 agents de la direction départementale de l’Equipement. Ces 1.300 personnes ne partagent pas encore la culture de notre institution et leur intégration nécessitera un gros effort de communication et de formation. En somme, nous en reprenons pour dix ans !

Lionel Fourny

Président de l’Association nationale des directeurs généraux et des directeurs généraux adjoints des conseils régionaux et des conseils généraux, cet énarque n’a pas tardé à analyser les enjeux de cette nouvelle donne : visibilité, sur les sept cantons du département, de services jusqu’à présent plutôt centralisés à Metz ; modification de la structure des effectifs en termes d’âge, de grade et de statut ; intégration de nouveaux métiers tels les cuisiniers et les agents d’entretien jusqu’alors inconnus dans les bataillons départementaux.

Nouvelle donne

Mais le challenge de l’ancien de Bercy se situe ailleurs, dans la nouvelle donne financière des départements dont il prévoit les embûches.

En matière de handicap, d’aide aux personnes âgées ou de solidarité, les transferts de compétences engendrent des frais de fonctionnement appelés à progresser très rapidement – alors même que l’Etat nous supprime des impôts et que les fonds européens se tarissent. Les collectivités vont bientôt se trouver contraintes d’arbitrer entre plusieurs priorités en fonction de leur situation financière .

Lionel Fourny

A mille lieues de la politique de l’autruche, le directeur général des services s’attelle à l’élaboration de nouveaux outils. Il ébauche des processus décisionnels inédits, mûrit de nouveaux critères pour trancher entre différents modes de soutien et d’intervention, dessine les contours de cette nouvelle mission, à mi-chemin entre économiste et intendant :

Je suis un soldat. Les décisions ne m’appartiennent pas, mais mon devoir consiste à constituer une force de proposition, puis à mettre en oeuvre les politiques choisies. Je faillirais à ma mission si je ne donnais pas aux élus les moyens de maîtriser leur politique.

Lionel Fourny

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