Contemporains à Nevers, restitués dans leur éclat du moyen-âge ou de la Renaissance à Strasbourg et Nancy, les vitraux en chantier ou récemment livrés matérialisent la contribution du bâtiment à la quête spirituelle des hommes. Epaulée par des mécènes, la maîtrise d’ouvrage d’Etat contribue à la capitalisation des connaissances scientifiques et techniques.
À la cathédrale de Nevers, les vitraux de Jean-Michel Alberola et Dominique Duchemin clôturent une commande publique de trente ans. Associés au maître verrier de leur choix, cinq artistes ont redonné vie aux 130 baies détruites par un bombardement de la seconde guerre mondiale. Interprétation de l’Apocalypse et du couronnement de la Vierge dans le transept roman et le déambulatoire du chœur gothique, l’œuvre de Jean-Michel Alberola transgresse les techniques traditionnelles du vitrail.
Translucide, le verre cathédrale, rarement utilisé dans ce contexte malgré son nom, laisse deviner les formes des dessins à l’extérieur de l’édifice.
Dominique Duchemin, maître verrier
L’iconographie de la dernière tranche est la plus figurative d’un ensemble hétéroclite de 1000 m2, poussé jusqu’à l’abstraction totale pour les baies du chœur roman, signées Raoul Ubac.
Test thermique à Strasbourg
Emblème du mécénat culturel en Alsace, la restauration des cinq baies du bas-côté sud de la cathédrale de Strasbourg enrichira l’approche scientifique du patrimoine de l’Etat. Dans la lame d’air située entre le double vitrage extérieur et le vitrail du XIVème siècle, quels impacts provoquent de fortes variations thermiques ?
En 2011, le laboratoire de recherche des monuments historiques mettra en œuvre un protocole d’instrumentation pour répondre à cette question.
Simon Piéchaud, conservateur régional des Monuments historiques
Depuis l’été dernier, les visiteurs redécouvrent la première des cinq baies consacrées à la vie terrestre du Christ, victimes de la lixiviation du verre, du décollement et de l’encrassement de la grisaille (peintures). A l’extérieur, les doubles vitrages reproduisent avec exactitude le réseau ancien de plomb, alors que le maître d’oeuvre s’était contenté de versions simplifiées au Nord.
À Nancy, le Musée lorrain présente depuis début novembre 17 vitraux sauvés des destructions et de l’oubli. Réunies par la Société d’histoire de Lorraine, les pièces remontent pour la plupart aux années 1480/1550. Durant cette période faste, la cour ducale et les évêchés de Metz, Toul et Verdun favorisèrent l’épanouissement du savoir-faire verrier développé en Lorraine depuis l’époque gallo-romaine. Au total, la fondation GDF Suez aura financé la restauration de 36 vitraux abimés ou détruits provenant d’édifices religieux ou civils. Parmi les pièces présentées au musée nancéien figurent le vitrail de Saint-Nicolas (XVIème) recollé avec de la résine, l’Ange des Nuées (début XVIème) complété par des pièces neuves ou encore, le vitrail de Saint-Martin (première moitié du XVI ème), qui a retrouvé sa tête et son auréole.
Fiche technique Nevers
- Maître d’ouvrage: Etat
- Maître d’œuvre : Bernard Collette, Architecte en Chef des Monuments Historiques
- Lot verre : Dominique Duchemin (Paris)
- Calendrier : 1997-2010
- Coût d’opération : 7,1 millions d’euros HT, dont 35 000 euros de la fondation Gaz de France pour la dernière tranche
Fiche technique Strasbourg
- Maître d’ouvrage : Etat
- Maître d’œuvre : Christiane Schmückle Mollard, architecte en chef des Monuments historiques
- Lot verre : Parot (Côte d’Or)
- Calendrier : 2010-2012
- Coût d’opération : 1,6 million d’euros HT, dont deux tiers apportés par les mécènes.
Fiche technique Nancy
- Maître d’ouvrage : Etat
- Maître d’œuvre : ville de Nancy
- Lot verre : atelier Pinto
- Calendrier : 2007/2009
- Coût d’opération : 43 000 euros HT
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