Le dernier haut-fourneau de Lorraine à Florange (Moselle) repartira-t-il dès les premiers signes de redémarrage de la demande d’acier ? En dépit du chômage partiel qui affecte la moitié des 3 000 salariés du site, ArcelorMittal se veut rassurant.
Les travaux de réfection engagés sur le P6 doivent permettre de redémarrer les installations dans un délai de six semaines. Mais cet espoir repose sur un scénario complexe qui verrait la demande d’acier rebondir fortement, ArcelorMittal engager des investissements lourds à Florange et l’Union européenne valider le projet de captage et de stockage de CO2 Ulcos. ArcelorMittal Florange s’attendait aux mauvais résultats de sa division packaging, qui a annoncé à la fin août une chute de 50 % de ses ventes d’aciers pour l’emballage, à cause notamment d’une baisse de la demande en boîtes de conserve. La sécheresse printanière et des achats anticipés auraient conduit les clients à concentrer les commandes au premier trimestre.
Par manque d’anticipation et par mauvaise stratégie commerciale, Florange a perdu des marchés et se trouve fragilisé dans un contexte déjà morose.
Xavier Lecoq, représentant national de la CFE-CGC
Le haut-fourneau P6 ne tournait qu’à 75 % de ses capacités avant sa mise en veille pour une durée indéterminée. Avant la crise, ArcelorMittal comptait injecter 330 millions d’euros dans la remise à niveau complète des installations du site mosellan. Cette perspective paraît aujourd’hui tributaire de la validation, espérée au cours du premier trimestre 2012, du programme Ulcos de captation et de stockage du CO2. Ce projet pilote, qui ferait de Florange la vitrine européenne d’une sidérurgie moins polluante, mobiliserait entre 500 et 600 millions d’euros d’ici à 2015. Les élus lorrains soupçonnent ArcelorMittal de vouloir faire monter les enchères, éteignant le P6 pour inciter l’État et les collectivités à plus de générosité…
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