Le ministère de la Transition écologique impulse le programme Act’eau pour accompagner les collectivités dans la rénovation énergétique des piscines. Sur ce marché de niche, un écosystème inventif parvient à limiter les consommations d’énergie.
Une piscine constitue par nature un équipement coûteux, et les équipements les plus vétustes peuvent se transformer en gouffre financier. Sur les 3.800 piscines françaises, la moitié dépasse l’âge de trente-cinq ans et leur consommation annuelle moyenne se situe entre 2.800 kWh/m² et 3.000 kWh/m2, contre 250 kWh/m² pour un bâtiment tertiaire classique.
Pour tempérer ces coûts, l’Etat (programme Actée), qui alloue 100 millions d’euros à la rénovation thermique des bâtiments publics, ouvre le sous-programme Act’eau pour cofinancer les études techniques et les assistances à maîtrise d’ouvrage et assurer des formations spécifiques.
Marché de niche
Les équipements anciens présentent les premiers postes de dépense énergétique des collectivités, à tel point que certaines d’entre elles préfèrent construire de nouvelles piscines plutôt que d’engager des rénovations. Or, des solutions existent pour économiser à la fois l’eau et l’énergie.
Bastien Pitou, chargé de mission Efficacité énergétique à la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), qui pilote le programme Actée
D’ici à 2023, Act’eau doit permettre de rénover 500 piscines, soit une nette accélération du rythme des projets, qui représente aujourd’hui 80 à 100 grosses réhabilitations par an. Leur coût varie entre 4 et 50 millions d’euros, soit un volume annuel de 800 millions d’euros que se disputent une poignée de concurrents. Une quinzaine d’architectes, une demi-douzaine de bureaux d’études et quelques mainteneurs détiennent 90 % de ce marché de niche générateur de gros honoraires.
Il reste néanmoins des places de nouveaux acteurs, car les titulaires de marchés globaux sous-traitent souvent leurs travaux auprès d’intervenants locaux.
Basile Gazeaud, directeur de l'Accompagnement du réseau fédéral et des territoires à la Fédération française de natation
Gourmandes et difficiles
Les piscines relèvent du décret éco-énergie tertiaire, qui impose une réduction de 40 % des consommations d’ici à 2030.
Sur ce sujet devenu central, la maîtrise d’ouvrage est de plus en plus experte et l’écosystème, de plus en plus performant.
Sébastien Almeida, chef de projets de l'agence parisienne D2X International, spécialisée dans l'assistance à maîtrise d'ouvrage des piscines publiques, qui est intervenue sur 300 équipements
Les contraintes d’hygiène et de confort se conjuguent pour rendre les piscines énergivores et difficiles à chauffer en se passant du gaz. La température des ballons des douches doit par exemple monter à 55 degrés au moins pour contrer le risque de salmonellose. Le remplissage d’une piscine olympique après vidange impose de porter à 28 degrés quelque 2.500 mètres cubes d’eau.
Marché des JO 2024
Confrontés à ces constantes, les installateurs jouent avec les caractéristiques propres à chaque piscine – taille, usage, fréquentation – et avec leur environnement externe pour en optimiser les consommations. Chauffée depuis 2017 grâce à la chaleur d’une ferme de données voisine, la piscine parisienne de la Butte-aux-Cailles maintient ses trois bassins à 28 degrés grâce aux chaudières numériques mises au point par la société grenobloise Stimergy , reprise par le parisien Neutral IT. « Les piscines constituent les candidates idéales pour une alimentation par data center », assure Christophe Perron, président et cofondateur de Neutral IT. L’entreprise se positionne aujourd’hui sur le gros marché de rénovation des piscines parisiennes et franciliennes dans la perspective des Jeux Olympiques de 2024 .
Bassins nordiques
La géothermie de surface constitue également une solution d’appoint pour refroidir ou chauffer les bâtiments, maintenir la température des bassins ou préchauffer l’eau chaude sanitaire. Le Centre aquatique du Dragon d’Eau à Saint-Amand-des-Eaux (Nord), le Stade nautique d’Avignon, ou encore la piscine de la Kibitzenau de Strasbourg ont recouru à des pompes à chaleur pour rénover leurs installations. Dans un fascicule paru en juillet dernier, l’Ademe et le BRGM situent entre 30 et 60 % le gain d’énergie procuré par l’apport d’ énergies renouvelables et de récupération qu’implique le chauffage important de l’eau des bassins nordiques en hiver.
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