Le spectre d’un dépôt de bilan pour la filiale spécialisée dans les tubes cathodiques resurgit. · Le PDG de Daewoo Orion, H.-C. Moon, a démissionné.
D’écueil en écueil, l’usine de tubes cathodiques, Daewoo Orion, de Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle), s’approche dangereusement du naufrage. Directeur du site depuis octobre 1999, H.-C. Moon, par ailleurs numéro deux mondial de Daewoo, a démissionné vendredi soir après une ultime rencontre avec le comité interministériel des restructurations industrielles. L’objet de ce rendez-vous de la dernière chance portait sur la remise gracieuse des charges sociales impayées depuis le mois de juin, atteignant aujourd’hui un montant de 10 millions de francs. Le dirigeant souhaitait également présenter un projet de réorganisation du site pour en accroître les capacités. Fort peu d’informations ont filtré quant aux conclusions de cette rencontre.
Il semble toutefois acquis que les services de l’Urssaf s’abstiendront d’assigner le site de Mont-Saint-Martin : moins de dix jours après le licenciement de 526 salariés à l’usine Bata de Moussey (Moselle), la région Lorraine a tout intérêt à éviter la déroute de Daewoo Orion.
Tensions sociales
D’autant que les dettes contractées envers les organismes sociaux constituent un moindre mal. Le site présente un passif cumulé de 530 millions de francs, dont 300 millions de francs à sa maison mère (45 millions d’euros) et 230 millions de francs aux banques françaises. Mais personne, pour l’heure, n’exige le remboursement de cette dette. Daewoo a accepté de geler ses créances. Négociée depuis le début de l’année, la dette de l’ex-consortium coréen auprès des banques françaises (Crédit Lyonnais, Natexis et la Société Générale) pourrait trouver une solution au terme de laborieuses tractations conduites depuis le début de l’année avec l’organisme d’Etat coréen Kamco.
Le principal obstacle à la survie du site à court terme consiste en l’extrême tension des relations sociales. Daewoo Orion, qui a connu en 1998 une longue grève portant sur les conditions de travail, enregistre un taux d’absentéisme constant de 15 %. La réorganisation du site en quatre équipes, proposée par H.-C. Moon, a fait l’unanimité contre elle. L’éventuel dépôt de bilan de Daewoo Orion ne manquerait pas d’affecter les deux autres sites lorrains de Daewoo : Daewoo Electronic France, qui produit des téléviseurs sur son site de Villers-la-Montagne (Meurthe-et-Moselle), et Demsa, qui fabrique des fours à micro-ondes à Fameck (Moselle), constituent des unités bien distinctes. Mais les trois sites lorrains, qui emploient quelque 1.200 salariés au total, présentent une extrême fragilité depuis la banqueroute de leur maison mère en 1998.
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