En apparence prospère, la plus ancienne cristallerie de France est fragilisée par la déroute de son propriétaire chinois.
Fleuron de l’industrie meurthe-et-mosellane, la cristallerie de Baccarat connaissait depuis plusieurs mois une situation opaque. Le tribunal de commerce de Nancy a désigné lundi dernier deux administrateurs provisoires, le Parisien Frédéric Abitbol et le Nancéien Christophe Gelis, pour mettre l’entreprise à l’abri des conflits entre sa maison mère en déroute et ses créanciers.
Cette décision marque peut-être une reprise sur des bases plus saines, mais nous craignons qu’elle n’ajoute de l’inertie à l’inertie. Baccarat a un besoin urgent d’investissements et de stratégie.
Didier Guyot, expert de 3E Consultants mandaté par le CSE
Les administrateurs ont quatre mois pour présenter un prérapport. Les salariés espèrent quant à eux un repreneur au plus vite.
Panne d’investissements
Mondialement connue, la plus ancienne cristallerie de France affichait fin 2019 un chiffre d’affaires de 164 millions d’euros en progression de 5 % et un résultat opérationnel de près de 10 millions d’euros. Mais l’entreprise se trouve fragilisée par un manque récurrent d’investissement et par la situation calamiteuse du groupe chinois Fortune Foutait Capital (FFC), qui l’a repris en 2018 à l’américain Starwood Capital.
Nous avons les ressources nécessaires pour créer, produire et vendre. Mais nous avons été privés d’investissement durant treize ans, et tous les investissements reportés deviennent aujourd’hui vitaux.
Eric Rogue, secrétaire CGT du comité central d'entreprise et porte-parole de l'intersyndicale
La cristallerie doit renouveler son équipement industriel à brève échéance et redynamiser son réseau commercial. La relance passe aussi par le renforcement de sa présence dans les pays émergents : Baccarat écoule 35 % de sa production au Japon et aux Etats-Unis, mais reste peu présent en Chine.
PDG par intérim
Filiale de Fortune Legend Limited, FFC était bien placé pour mettre en oeuvre cette stratégie. Le fonds n’a pourtant pas honoré ses promesses. Et les salariés ont appris récemment que FFC, croulant sous 390 millions de dollars de dette, avait été liquidé en juillet dernier. Installé au Luxembourg, Fortune Legend Limited (FLL), qui représente les créanciers de FFC, a exigé le non-renouvellement du mandat de Zhen Sun.
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