Fidèles à leurs racines paysannes, les laboratoires Lehning cultivent depuis près d’un siècle leur savoir-faire homéopathique et phytothérapique. Ils proposent aujourd’hui une centaine de spécialités commercialisées dans vingt pays.

Dans la famille, nous sommes tous diplômés en BSP – bon sens paysan !

plaisante Stéphane Lehning, 35 ans, dirigeant des laboratoires du même nom

En cette période estivale, la boutade se traduit par les panneaux publicitaires judicieusement implantés dans les aéroports de Roissy et d’Orly pour vanter les mérites du Climaxol, le médicament « anti-jambes lourdes » des laboratoires Lehning. Mais au-delà de ce pragmatisme commercial, l’entreprise témoigne depuis trois quarts de siècle d’un attachement irrévocable à la campagne de Metz, d’un soin pointilleux dans la sélection de la matière première végétale et d’un développement commercial opiniâtre et prudent.

L’entreprise doit sa création aux intuitions de René Lehning, né à Metz en 1897 sous l’occupation allemande, formé à Dresde et initié aux préceptes de Samuel Hahnemann, inventeur de l’homéopathie. Au cours de la Première Guerre mondiale, le jeune médecin remarque que les soldats ne meurent pas seulement de leurs blessures, mais aussi des déplorables conditions d’hygiène subies dans les tranchées. Dès son retour du front, il se consacre à l’élaboration de remèdes simples et accessibles à tous. Créé en 1922 dans la foulée de la grippe espagnole, qui s’avéra plus meurtrière encore que la guerre, son antigrippal L 52, contenant des doses infinitésimales d’arnica, de belladone et d’eucalyptus, constitue aujourd’hui encore le produit phare des laboratoires Lehning.

Implantée dans un parc verdoyant de 16 hectares à Sainte-Barbe, à une quinzaine de kilomètres de Metz, l’entreprise cultive sur ses terres quelques pieds d’hamamélis ou d’échinacées, mais va chercher bien plus loin les essences et teintures mères entrant dans la composition de sa centaine de spécialités. Souveraine en cas de coups et de bosses, l’arnica est cueillie à l’état sauvage dans les montagnes vosgiennes. Conseillé en cas de broncho-pneumopathie, l’eucalyptus provient des collines méditerranéennes, de l’Espagne à la Grèce.

Potentiellement mortelle à l’état brut, la noix vomique préconisée en cas d’inconfort digestif arrive d’Amérique du Sud. « Notre département presse, où les plantes sont triées et découpées, présente une importance stratégique : pour conserver leurs actifs, il ne doit pas s’écouler plus de 48 heures entre la cueillette et la préparation de la teinture mère », précise Stéphane Lehning. Le laboratoire s’appuie sur l’expertise de toxicologues et de pharmacologues indépendants pour détecter les vertus parfois insoupçonnées de la pharmacopée naturelle.

Tour à tour vilipendée et plébiscitée, l’homéopathie compte à son actif plus d’un siècle de controverse. Les polémiques n’entament pas la sérénité des laboratoires Lehning, convaincus d’apporter des remèdes sûrs et efficaces à un public toujours plus demandeur.

Les tenants du scientisme sont restés fidèles aux principes d’observation et d’empirisme professés par Hippocrate au stade du diagnostic, mais les récusent lorsqu’il s’agit du traitement de la maladie et des mécanismes de guérison. Cette réticence scientifique et médiatique tient sans doute à la difficulté d’admettre que l’on ne peut pas tout comprendre ni tout expliquer.

Stéphane Lehning

Prônant la modestie, le jeune dirigeant admet l’incapacité de l’homéopathie à apporter des réponses aux maladies virales, cancéreuses, dégénératives ou psychiatriques. Il voit en revanche dans les traitements homéopathiques et phytothérapiques une alternative aux antibiotiques, une solution pour le traitement des femmes enceintes et des jeunes enfants et, surtout, une voie d’avenir en matière de prévention et de préservation du capital santé de populations vieillissantes.

Diplômé en bon sens paysan, mais aussi juriste spécialisé en droit des affaires et en fiscalité, Stéphane Lehning a concocté dès sa prise de fonction à la tête de l’entreprise un projet économique ambitieux. Sous son impulsion, les laboratoires Lehning ont changé leur identité visuelle, réorganisé leur logistique interne et impulsé une politique salariale plus participative auprès des 275 employés. Le plan quinquennal 2007-2011, qui misait sur une croissance de 35 % sur cinq ans, n’a pas entièrement atteint ses objectifs, mais l’entreprise a renoué avec les bénéfices et affichait en 2010 un taux de rentabilité de 13 %.

Stéphane Lehning poursuit son objectif de modernisation avec la mise en service, prévue fin août, d’un robot de palettisation dirigé par commande vocale. L’investissement d’un montant de 350.000 euros supprime toute manipulation physique des colis et raccourcit considérablement le délai entre la prise de commande et la livraison. Exclusivement produites à Sainte-Barbe, les 7 millions d’unités produites chaque année sont distribués uniquement en pharmacie.

Présents dans une vingtaine de pays, les laboratoires Lehning détiennent des filiales en Espagne, au Portugal et en Allemagne et comptent renforcer leurs positions en Asie et en Amérique du Nord. Le groupe cultive en parallèle son ancrage régional en soutenant le champion vosgien de ski de fond Adrien Mougel ou en s’associant au prochain marathon Metz-Mirabelle. L’entreprise a également posé fin juin les jalons d’un parcours pédagogique dédié à la phytothérapie. En partenariat avec l’Association mosellane d’éducation populaire et de plein air, les laboratoires Lenhing invitent les enfants à une école buissonnière dans les fermes, les jardins, les serres et les mares de la campagne messine.

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