Le traité d’Aix-la-Chapelle signé le 22 janvier dernier fixe, parmi ses priorités, la mise en œuvre d’un projet de territoire à proximité de la centrale nucléaire de Fessenheim. Le lancement des projets phares suppose un montage financier franco-allemand complexe mais prometteur.
Pomme de discorde de part et d’autre du Rhin depuis des décennies, le site de Fessenheim se muera-t-il en terrain d’entente transfrontalier ? Arrachée à des élus récalcitrants, la fermeture de la plus vieille centrale nucléaire de France s’accompagne d’un « projet d’avenir du territoire », acté par le ministère de la Transition écologique le 1er février, soit moins de deux semaines après la signature du traité d’Aix-la-Chapelle. Cette concomitance ne relève pas du hasard.
De par sa position géographique dans le Bassin rhénan, mais aussi par son impact technique et humain, la reconversion de Fessenheim est un sujet éminemment transfrontalier. Le traité d’Aix-la-Chapelle donne un cadre nouveau aux espaces interstitiels et aux projets qui peuvent s’y développer.
Patrick François, directeur interrégional Grand Est à la Caisse des dépôts
Filiale de la Caisse, la Banque des territoires constituera le seul actionnaire non institutionnel d’une société d’économie mixte franco-allemande en cours de constitution. Cette structure inédite devra conduire trois projets de développement : une installation solaire de 300 mégawatts dans le Haut-Rhin, le rétablissement d’une liaison ferroviaire Colmar-Fribourg et l’aménagement de la zone d’activité EcoRhena sur 200 hectares au nord de l’actuelle centrale.
Appétence des élus allemands
Seront représentés côté français la communauté de communes Pays Rhin-Brisach, le conseil départemental du Haut-Rhin, le conseil régional du Grand Est, la Chambre de commerce et d’industrie Alsace Eurométropole et EDF. Côté allemand, la Industrie- und Handelskammer (IHK) de Fribourg, plusieurs échelons institutionnels du Bade-Wurtemberg, une ou plusieurs banques, voire l’Etat fédéral, pourraient prendre part à la Sem.
Nous constatons une véritable appétence des élus allemands. Le montage financier, dont les contours devraient être connus cet automne, oblige à poser les relations entre les territoires et constitue en tant que tel le premier projet de cette coopération.
Patrick François
Une fois montée, la Sem compte s’impliquer dans les études et les aménagements, mais également participer à des projets industriels, immobiliers ou culturels. Elle ouvrira ainsi de nouveaux chantiers technico-juridiques en matière de normes, de droit fiscal ou de code du travail, défrichant au passage de nouveaux espaces de la terra incognita transfrontalière.
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