Soutenu par Axa et le Crédit agricole, l’orfèvre parisien Têtard est candidat au rachat de Daum à Nancy. Reprises par de grands groupes, les autres cristalleries de la région se portent mieux.
La direction de Sagem a présenté hier après-midi au cours d’un comité central d’entreprise, son projet de cession de la cristallerie nancéienne Daum, qu’elle avait acquise en 1995 pour le franc symbolique. Daum devrait être repris dans les prochaines semaines par l’orfèvre parisien Têtard 1860. Une annonce qui intervient quelques jours seulement après l’inauguration de la « cathédrale », l’usine historique de CFC Daum située au coeur de Nancy et qui a été réhabilitée au terme d’un investissement de 18 millions de francs (2,7 millions d’euros), pris en charge à hauteur de 12 millions de francs (1,8 million d’euros) par l’Etat, la ville de Nancy et l’Etablissement public de la métropole lorraine (EPML).
Sagem a expliqué son engagement dans la cristallerie par un « mécénat à caractère entrepreneurial » pour sauver le dernier représentant de la prestigieuse Ecole de Nancy. La cristallerie emploie aujourd’hui 360 salariés, dont 265 à Vannes-le-Châtel (Meurthe-et-Moselle), 35 à Nancy et 60 au siège social de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Elle a réalisé, l’an dernier, un chiffre d’affaires de 250 millions de francs (38,1 millions d’euros) pour un résultat net de 1 million 150.000 euros.
Repreneur pressenti, Jean-Francois Court, propriétaire de l’orfèvre parisien Têtard 1860, doit s’associer à l’assureur Axa et au Crédit Agricole pour assurer un développement rapide de la marque à l’international.
Le groupe CFC Daum comporte entre autres l’orfèvrerie Odiot. Cette complémentarité permettra de faire jouer une synergie dans le domaine du luxe.
l'orfèvre parisien, Jean-Francois Court
Ce rachat témoigne du regain d’intérêt des groupes industriels et financiers pour les manufactures cristallières. Terre d’origine des grands noms du cristal – Saint-Louis, Baccarat, Daum ou encore Lalique, sur le versant alsacien de la vallée verrière -, la Lorraine maintient une tradition vieille de plus de deux siècles. Devenues filiales de grands groupes, les cristalleries ont maintenu leur créativité, diversifié leur production et adapté leur réseau de distribution pour renouer avec les bénéfices.
Progression du luxe
Reprise par la famille Taittinger (Société du Louvre) en 1994, la manufacture de Baccarat (834 salariés en Meurthe-et-Moselle) présente pour 1999 un résultat d’exploitation de 25 millions de francs (3,8 millions d’euros) en progression de 116 % par rapport à 1998. Lancée en 1993, la ligne de bijoux en cristal représente aujourd’hui 13 % de son chiffre d’affaires de Baccarat (737 millions de francs). La marque, qui réalise 80 % de ses ventes à l’export, est présente dans 85 pays et possède 32 boutiques en propre. Elle prépare l’ouverture d’un corner chez Harrod’s, à Londres, et d’un point de vente à Lille.
A Saint-Louis-les-Bitche (Moselle), la cristallerie Saint-Louis, reprise par Hermès en 1989, reste fidèle à une production très haut de gamme de pièces décorées d’or ou de platine.
La demande d’articles de luxe progresse à tel point que nous peinons à y répondre.
Jean-Daniel Thierry, directeur général de Saint-Louis
Hermès engage cette année la rénovation de deux fours et lance un vaste programme de formation parmi les 300 salariés de sa manufacture. Affichant 110 millions de francs (16,8 millions d’euros) de chiffre d’affaires, Saint-Louis affiche encore des pertes, mais Hermès escompte un retour aux bénéfices au cours des deux prochaines années. Réalisant la moitié de son chiffre d’affaires à l’export, la marque intensifie sa communication aux Etats-Unis, au Moyen-Orient et au Japon.
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