Centralien, ingénieur de classe exceptionnelle, ex-enseignant d’algorithmique, Vincent Gross a toujours aimé jouer aux légos. Voici vingt ans que l’ex-DGA du conseil régional de Lorraine, puis du Grand Nancy, tournicote des éléments structurants pour assembler, conforter et élargir le Sillon lorrain.
Sous son impulsion, l’ex-réseau informel de Metz, Nancy, Thionville et Epinal – quatre villes présentant peu d’atomes crochus – s’est transformé en pôle métropolitain européen du Sillon lorrain englobant désormais 12 territoires associés.
Mécanismes séculaires
Délégué général, depuis 2011, de cette structure efficace et légère, Vincent Gross voit dans le renforcement de l’axe nord-sud de la Lorraine l’aboutissement récent de mécanismes séculaires. Dans les années 2000, Metz a commencé à assumer son héritage allemand en proposant l’inscription de son quartier impérial au classement Unesco. A Nancy, l’inauguration de la place Stanislas piétonnisée en 205 a symbolisé la fierté retrouvée de la cité des ducs, qui avait mal vécu d’être passée en un siècle du rang d’avant-poste de la France au statut de simple ville moyenne. Apaisées, les deux métropoles ont vu leurs hauts fonctionnaires permuter, puis leurs élus travailler en confiance jusqu’à engager des stratégies communes.
Intuitions
Le Sillon ne fait rien, il facilite.
Vincent Gross
A des équations complexes, il répond tantôt par des coups de bluff, tantôt par des intuitions patiemment démontrées. Ainsi, à l’heure où, en mars 2008, le plan Campus risquait de relancer une rivalité farouche entre les universités de Metz et de Nancy, sa petite phrase innocente : « s’il existait une université lorraine, le problème ne se poserait pas », aboutit à la création de ladite université dans des temps records. Ni Metz, ni Nancy n’étaient labellisables à la French Tech, mais l’addition des atouts respectifs de toutes les villes du Sillon a permis la labellisation de Lor’N’Tech en 2015. La guerre des CHR Metz et de Thionville contre le CHU de Nancy n’a pas eu lieu et le Sillon tout entier s’est enrichi au cours des dernières années de 100.000 médias accessibles gratuitement via la bibliothèque limedia.
Il faut cesser de répondre à des questions mal posées par des réponses périmées.
Vincent Gross
Lorsque l’on évoque l’Arlésienne lorraine que représente le doublement de l’A31, l’ingénieur raisonne non pas en termes d’infrastructures, mais en fonction des flux. Il préconise une logique de périphérique englobant les trois métropoles du Sillon – Metz, Nancy et Luxembourg -, qui irriguerait les territoires contigus de deux fois deux voies.
Fluidité
De manière générale, il distingue les compétences directes que les collectivités doivent assumer en mutualisant les coûts pour les diminuer, et les compétences indirectes où il s’agit de créer de la valeur pour mieux la partager. Dans ce domaine, il invoque la mécanique quantique pour décrire les avancées du sillon qui impulse d’autant plus d’énergie qu’il est de petite taille. Atteint depuis vingt ans, de la maladie de Parkinson, Vincent Gross croit plus que jamais en la fluidité.
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