Patiemment tricoté par les collectivités territoriales de part et d’autre de la frontière, le maillage cyclable transfrontalier des vallées de la Sarre et de la Blies constitue un pari en termes de valorisation de l’espace, d’attractivité et de développement durable.
Côté français, l’engagement de la communauté d’agglomération Sarre-Confluence (Casc), qui programme un investissement de 14 millions d’euros dans des liaisons douces pour la période 2004/2009, tient du record. Côté sarrois, la gestion d’un réseau dense, sous l’égide du ministère de l’Economie et du travail, relève du service public classique.
Sarreguemines au centre du réseau
La maîtrise d’ouvrage de ces connexions transfrontalières coule de source. Une large part du tracé suit les chemins de halage des deux rivières et les rails des anciennes voies ferrées. Si une coopération quasi informelle suffit pour valider les tracés avec le district de Sarrebruck, la concertation s’avère bien plus délicate lorsqu’il s’agit d’instaurer un marketing commun pour valoriser cette nouvelle offre touristique.
Denis Klassen, vice-président de la Casc en charge des pistes cyclables
Placée au centre du réseau par la confluence entre Sarre et Blies à Sarreguemines, la collectivité a d’ores et déjà investi 7 millions d’euros dans la création ou l’aménagement de quelque 60 kilomètres de pistes pour un coût variant entre 120 et 350 euros/m. Les voies cyclables suivent un axe nord-sud au long de la Sarre et du canal des Houillères et un axe est-ouest entre Bliesbruck et Grundviller, via Sarreguemines, à travers la vallée de la Blies et l’ancienne voie ferrée. Attribués par lots successifs, ces marchés, qui n’ont pas dépassé 1 million d’euros chacun, sont souvent revenus aux filiales locales des majors, dont Weiler (Vinci via GTM) ou à des succursales régionales (Eurovia, Colas) tandis que Nord-Est Ingénierie (groupe Caisse des dépôts) a assumé la maîtrise d’œuvre avec Logo B et VNF. Dotées d’une bande de sécurité engazonnée de 50 cm de part et d’autre de la voie et agrémentées de bancs et de zones de pique-nique, les pistes mosellanes se révèlent plus confortables que les parcours allemands, souvent strictement fonctionnels.
Objectif 300 km pour Vélo Visavis
Pour financer de nouvelles voies, l’effort soutenu par le conseil général de la Moselle et le conseil régional de Lorraine se concentre sur le projet Vélo Visavis, inscrit au programme Interreg 3 A, en phase de lancement avec la Casc, la Communauté d’agglomération Forbach Porte de France et la communauté de l’Albe et des lacs. Pour édifier quelque 300 kilomètres de pistes cyclables de grand intérêt touristique, d’autres collectivités pourraient les rejoindre : les communautés de communes de Freyming-Merlebach et de Saint-Avold en Moselle, les districts de Sarrebruck et de Saarpfalz, en Sarre et Rhénanie-Palatinat. L’espace transfrontalier regorge de sites remarquables, dont la vallée de la Blies, labellisée « réserve mondiale de la biosphère » par l’Unesco, la région des étangs, le parc archéologique de Bliesbruck ou encore le musée de la mine du carreau Wendel à Petite-Rosselle.
Lancé en 2004, le Blies Wanderweg, randonnée cyclable composée de six étapes d’une journée, constitue une démonstration – pour l’heure presque exclusivement sarroise – du potentiel économique du cyclotourisme.
Mon ambition est de créer un circuit de même nature côté mosellan. L’émiettement des acteurs dans le domaine touristique et l’absence de maîtrise d’ouvrage unique ne facilitent pas la tâche, mais nous disposons d’un potentiel suffisant pour développer un tourisme de proximité de qualité.
Denis Klassen
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