A 80 %, les entreprises lorraines considèrent le TGV Est comme un élément favorisant le dynamisme. Pour autant, elles savent qu’il n’y a pas lieu d’espérer un miracle.
Plus qu’un pari gagné, le TGV Est constitue un pari à gagner. Certes, il représente un formidable facteur de développement, mais son arrivée relance l’émulation entre les grandes villes de l’Est.
Jean-Luc Bohl, le maire de Montigny-lès-Metz et le président de l'agence Moselle développement
Jean-Luc Bohl vient de prospecter 1 500 entreprises de l’Est parisien pour faire valoir les atouts du département en termes de foncier, d’infrastructures et de main-d’oeuvre. La Lorraine en effet ne serait pas tout à fait elle-même sans la traditionnelle rivalité entre ses deux capitales régionales. Et, cette fois, Nancy a pris une longueur d’avance sur Metz ! En matière d’offre immobilière comme en terme d’image. Commercialisée l’an dernier, la nouvelle entrée de la gare Saint-Léon de 6 000 mètres carrés abrite les sièges sociaux de la Banque Kolb, du transporteur Transalliance et d’IBM.
Davantage d’échanges avec Paris
Sans le TGV, il était très difficile de faire venir nos interlocuteurs à Metz. Applicam détient Agys, une filiale commune entre Paribas et Cofinoga. Quatre de ses six administrateurs étant à Paris, nous faisions systéma-tiquement le déplacement. Fin juin, notre assemblée générale se tiendra à Metz, sans que nos partenaires y voient la moindre difficulté. La possibilité d’allers-retours en une demi-journée intensifiera les échanges. Je suis moins sûr que le TGV génère des implantations, du moins à court terme.
Jean-Paul Guezzi, P-DG d'Applicam (applications des cartes à puce)
Le projet se poursuit sous le nom de « Nancy Grand Coeur ». Et, d’ici à la fin de l’année, la ville aura achevé l’immeuble République. Le bâtiment de 7 500 mètres carrés a déjà trouvé preneurs : Elidis, le centre d’appels de Kronenbourg, la Communauté urbaine du grand Nancy…
Et nous sommes en pourparlers avec des entreprises franciliennes qui, plutôt que de s’étendre en deuxième couronne à 450 euros le mètre carré, pourraient opter pour des locaux prestigieux à 160 euros.
François Suty, le directeur général d'Acte-CBRE, conseil en immobilier d'entreprise
A 60 kilomètres de là, Metz n’a pas dit son dernier mot. Début 2009, la ville accueillera le musée d’Art moderne Pompidou, première « délocalisation » régionale du centre Beaubourg. Mais sa construction, pour 30 millions d’euros, a considérablement perturbé les travaux du quartier de l’Amphithéâtre, le nouveau centre-ville conçu comme le pendant du quartier impérial bâti par les Prussiens voici un siècle.
Trop d’infrastructures ?
Ce quartier, encore en chantier, doit générer quelque 150 millions d’euros d’investissements ces quinze prochaines années. Il accueillera, outre le musée, un palais des congrès de 1 100 places, 96 000 mètres carrés de bureaux, un centre commercial et un parc de 1 600 logements.
Ici, ce sont plutôt les grandes entreprises existantes qui se rapprochent de la gare dans la perspective d’un afflux de personnel lié au TGV.
Michel Lévy, le directeur du cabinet immobilier Trimco-Bourdais CBRE
Plutôt que de se tourner le dos, les deux villes devraient s’attacher à construire une visibilité économique et touristique à l’échelle européenne !
Patrick Hatzig, vice-président du conseil régional de Lorraine
L’espace central situé entre Nancy et Metz, au niveau de Pont-à-Mousson, pourrait connaître un nouvel essor. Le conseil général de la Moselle aménage une zone de 26 hectares près de l’aéroport régional de Gouin et de la gare d’interconnexion TGV Lorraine. D’ici à 2012, une gare d’interconnexion définitive doit voir le jour à 15 km de là, à Vandières (Meurthe-et-Moselle), libérant la gare de Cheminot pour le fret.
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