En consacrant sa récente rencontre annuelle à la route durable, le Syndicat professionnel régional de l’industrie routière (Sprir) de Lorraine a démontré l’engagement environnemental de ses membres. Deux chantiers illustrent cet état d’esprit, en Meuse et en Meurthe-et-Moselle.
Meuse : terrasser la route, pas les chauves-souris
L’élargissement de la RD 123, sur 2,3 km entre Dannevoux et Vilosnes, constitue une référence environnementale que nous comptons bien dupliquer.
Louis Doyen, chef de l’agence Centre Meuse de Colas Est
Dirigés par Vincent Thiriat, les travaux d’un montant de 1,5 million d’euros se sont déroulés en deux phases. A chaque étape, l’entreprise a pris soin de valoriser ses sous-produits tout en suivant au plus près les préconisations de l’association scientifique Néomys, spécialisée dans la préservation de la faune sauvage lorraine. A la fin de l’automne dernier, l’entreprise Schott de Dabo (Moselle) a arraché 800 arbres avant de les broyer pour les débiter en copeaux destinés à une chaufferie voisine. Colas Centre Meuse a préservé une arche d’arbres qui servait de piste de circulation à de grands rhinolophes, variété de chauves-souris nichant à proximité.
A la reprise des travaux en février dernier, l’entreprise de travaux publics a recyclé près du tiers des quelque 20 000 m3 extraits en remblais d’accotement. En certains points du chantier, l’usage d’une raboteuse a permis un terrassement à la cote prévue en économisant le matériau. Un crapauduc de 150 m de long complète l’ouvrage.
Définies en amont, les particularités environnementales ont permis de contourner certaines difficultés, comme celle du stockage des produits de terrassement en décharge, sans peser ni sur les délais, ni sur les coûts.
Louis Doyen
Pêche au crapaud en Meurthe-et-Moselle
En Meurthe-et-Moselle, la déviation de Saint-Clément, engagée ce printemps, a donné lieu à une minutieuse opération de protection des batraciens. Suivis par la Direction interdépartementale des routes (Dir) Est sous maîtrise d’ouvrage de la Direction régionale de l’Equipement de Lorraine, ce chantier de mise à deux fois deux voies parcourt 15 km de zones inondables à travers six villages entre l’échangeur de Baccarat et Gelancourt. Majoritairement réalisés par Guintoli, Muller TP et SLD TP, toutes trois filiales du groupe NGE, les travaux d’un montant de 25 millions d’euros doivent préserver cette portion de la vallée de la Meurthe classée Natura 2000 – et notamment trois espèces protégées : les crapauds à ventre vert, les grenouilles persillées et les salamandres.
Le chantier a débuté juste avant la saison des amours des batraciens. Nous avons ainsi pu les pêcher dans les points d’eau situés sur le tracé, puis les transférer dans les mares de compensation que nous avons creusées. Des clôtures spécifiques les y retiennent afin qu’ils ne puissent pas retourner sur la route.
Sébastien Le Pelletier, directeur de travaux chez Guintoli, mandataire du marché
Les salariés de Guintoli ont ensuite pêché les batraciens et prélevé les espèces végétales pour les transférer dans un étang existant. Elaboré par le responsable environnement de Guintoli dans le cadre d’un Plan d’assurance environnemental (PAE), ce programme, validé par le maître d’ouvrage, sera contrôlé par le bureau d’études spécialisé Ecolor.
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