Après presqu’un an sans vision claire de l’avenir du site, le calendrier se précise. Le tribunal de Strasbourg doit trancher sur les cinq offres de reprise d’ici fin juillet.
Le dossier va enfin finir par se décanter. Le sort de l’usine de rail de Hayange, France Rail industry (FRI), est dans les mains du tribunal de Strasbourg. Ce dernier doit trancher d’ici fin juillet le nom du repreneur du site employant quelque 450 personnes avec les intérimaires.
Le dénouement sera bienvenu pour des salariés mosellans évoluant dans l’inconnu depuis près d’un an et la reprise de l’ancien propriétaire British Steel par le chinois Jingye, qui les a laissés sur le carreau – Bercy refusant qu’Hayange fasse partie du lot. Depuis, la direction du site stratégique pour la France tourne en totale autonomie.
Cinq candidats
Pour le moment, cinq repreneurs sont en piste : ArcelorMittal, Jingye, les groupes indiens Jindal et Liberty et le fonds Greybull Capital, le dernier propriétaire en date. Tous promettent de préserver les emplois et les accords d’entreprise. Les délégués syndicaux ont auditionné ce lundi ces candidats, qui ont exposé par vidéo des offres alléchantes mais manquant parfois de précisions techniques et commerciales.
Il y a trop d’intervenants autour de notre reprise. Nous sommes les premiers concernés, mais les enjeux nous dépassent et nous n’aurons pas réellement voix au chapitre.
Grégory Zabot, délégué CFDT de FRI
Soucieux de sauver les 270 emplois d’Ascoval à Saint-Saulve, Bercy espère atteler le sort de l’aciérie nordiste à celle de l’usine de rails mosellane. Un contrat lie les deux entités depuis fin 2019, pour l’achat annuel de 140.000 tonnes d’acier semi-fini par la seconde. Un rachat non combiné « signifierait la mort assurée de l’aciérie Ascoval », estiment la CFDT, la CGT et la CFE-CGC du site nordiste.
Trois des cinq prétendants – Jingye, Greybull (toujours propriétaire d’Ascoval) et Liberty -, promettent de reprendre simultanément les deux sites. Sur le papier, l’offre de Jingye, assortie d’un projet d’investissement de 68 millions d’euros à Hayange, s’avère séduisante, mais elle se heurte à l’hostilité des pouvoirs publics, guère convaincus du plan stratégique et soucieux du risque de dumping chinois sur l’acier.
Jingye compte passer la production de rails de 300.000 à 500.000 tonnes de rails par an. Mais ce projet paraît peu réaliste, tant le site de Hayange est enclavé.
Sébastien Dietsch, représentant CFE-CGC de FRI
Quid d’Ascoval ?
Nouveau venu au bal des prétendants, Jindal garantit cette indépendance au site mosellan, tout en promettant d’augmenter sa production de 150.000 tonnes. ArcelorMittal limite pour l’heure son offre à Hayange, en mettant en avant « sa forte expérience » dans le rail et ses capacités R & D en la matière. Le géant de l’acier n’a pas caché son intention de mutualiser à court terme les services support de FRI à ses installations voisines. La perspective déplaît aux délégués du personnel, qui voient dans l’autonomie du site leur seule chance d’être intégralement repris si l’usine venait à être une nouvelle fois revendue.
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