18 mois après l’annonce de la fermeture du dernier vapocraqueur de sa plateforme mosellane, Total a effectué le 25 mars dernier un point d’étape de son Projet d’avenir pour Carling.
Le groupe a passé de 160 à 180 millions d’euros l’investissement consacré à la reconfiguration du site et confirme son intention de le repositionner vers des produits plus haut de gamme. Projet phare de cette reconversion, « Résine Cray Valley » consiste à se retirer progressivement du marché saturé des résines C9 (colles basiques pour emballages et revêtements) et à convertir la plateforme de Carling en centre européen des résines d’hydrocarbures. L’unité de Norsolène (colles pour cartons d’emballage et revêtement) sera redéployée sur des grades Waterwhite (colles haut de gamme pour reliures) tandis qu’une nouvelle unité de résines C4 produira chaque année 6 000 tonnes destinées aux lubrifiants à haute performance, aux pneus et aux écrans tactiles. Ces nouvelles installations seront complétées par un centre de recherche-développement d’une quinzaine de personnes dont six chercheurs qui développeront des applications résines destinées aux clients européens du groupe.
Cap sur les polymères
Carling, qui constitue déjà la première unité européenne de Total pour le polystyrène, compte conforter ses positions sur le marché des polymères à valeur ajoutée. Le site dégoulottera ses installations de polystyrène pour porter sa capacité de 60 000 tonnes à 100 000 tonnes grâce à la construction d’une ligne de granulation supplémentaire. Une nouvelle unité de polypropylène Compounds (PPC) d’une capacité de 30 000 tonnes entrera en service mi-2016. Destinée au marché de l’automobile, cette production complètera celle du fabricant allemand Polyblend dont Total a pris le contrôle début mars. La plateforme compte également élever la qualité des produits finis issus du polyéthylène basse densité. Les produits dépoussiérés et soumis à une filtration magnétique pourront notamment être utilisés dans la fabrication d’isolants pour câbles.
La fin de l’ère des vapocraqueurs
Cette nouvelle stratégie suppose une profonde transformation qui touchera à la fois les effectifs, les compétences et la logistique de Carling. Fin 2015, le site verra s’éteindre son dernier vapocraqueur, symbole d’une époque révolue. La plateforme, qui employait 2 300 salariés et comptait deux vapocraqueurs au début des années 2000, finalise un plan de départs en retraite anticipés qui fera passer ses effectifs à 347 personnes fin 2016. La fonte des effectifs, qui s’est déroulée sans licenciement, s’accompagne d’un plan de formation de 300 000 heures. Sur le plan logistique, la plateforme consacrera 40 millions d’euros au projet « Caroline », qui consiste à adapter les infrastructures ferroviaires du site afin de sécuriser l’approvisionnement de ses deux clients de proximité, Arkéma basé sur la même plateforme et Ineos Sarralbe, à une trentaine de kilomètres de Carling. Les voies pourront accueillir des wagons de styrène plus courts et augmenter les capacités d’approvisionnement en éthylène et en propylène.
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