L’exposition « Cultures du travail en l’an 2000 » permettra de pérenniser le site de Petite-Rosselle. La plus ancienne mine de charbon lorraine sera reconvertie en musée transfrontalier.
« Tout de suite ou jamais. »
Lapidaire et passionné, Laurent Brunner, directeur du Carreau, la scène nationale de Forbach et de l’Est mosellan, résume ainsi l’ultime opportunité de sauver la friche industrielle du Carreau Wendel de Petite-Rosselle à l’occasion de l’exposition « Cultures du travail en l’an 2000 ». Le pari semble gagné. Après dix ans d’atermoiements, les institutions régionales relèvent le défi d’une exposition de dimension nationale et internationale. D’ici à l’an prochain, le ministère de la Culture, le conseil régional, le conseil général de la Moselle, l’Europe et le syndicat mixte du musée consacreront 25 millions de francs à la restauration du lavoir 1-2. L’exposition, confiée à Joseph Ramoneda, directeur du centre de culture contemporaine de Barcelone, mobilisera 13,5 millions de francs.
Prévue au contrat de plan Etat-région, la restauration de l’ensemble du site prévoit 43 millions de francs d’investissements d’ici à 2006. Paysage symbolique. Fermé en 1986 après cent vingt ans d’exploitation, l’ancien puits de mine comporte deux lavoirs de 2.500 m2, 13 kilomètres de voies ferrées, un terril de 7 kilomètres de long, des ateliers, magasins, locaux techniques et administratifs.
Nulle part l’univers de la mine n’est aussi immédiatement lisible en grandeur nature. Le Carreau Wendel retrace en un coup d’oeil l’acheminement des hommes, la descente au fond, le conditionnement du charbon et son expédition. Bordé par le terril, la cité minière et la forêt, le site constitue un paysage fort et rare, hautement symbolique.
l'architecte Philippe Jean, en charge du projet depuis l'étude de faisabilité fin 1991
La préservation du site ne s’est pourtant pas imposée sans mal. Implanté dans les anciens locaux administratifs, le centre culturel, scientifique et technique (CCSTI) de Petite-Rosselle a vaillamment défendu la sauvegarde du bâtiment, envers et contre tous.
Jamais l’Etat, la région, l’Union européenne et le district ne sont parvenus à tomber d’accord sur un projet qualifié de pharaonique. Les Houillères du bassin de Lorraine, anciennes propriétaires, qui emploient encore 9.000 salariés dans le bassin, ne croyaient guère au projet. Les mineurs eux-mêmes ont eu du mal à s’y identifier. La mine, c’était au bas mot 250 métiers dont ils ont rarement une vision globale.
Laurent Hoellinger, directeur du CCSTI
Sauver un passé proche
Souvent mineurs de génération en génération, les habitants de la cité voisine ne cachent pas leur amertume à la vue quotidienne de l’immense complexe déserté.
Nous avons procédé à une reconversion sur du vif. La vision d’un passé proche, mais révolu, est souvent si douloureuse que l’on préfère en faire son deuil en rasant le tout. Une fois acquis le principe de la conservation, nous ne pouvions pas nous contenter de mettre le site sous cloche. L’aménagement d’un musée permanent doit s’intégrer dans la revitalisation de l’ensemble du bassin.
Philippe Jean
Maire de Forbach et président du district, Charles Stirnweiss défend depuis trois ans le projet d’un site culturel binational en partenariat avec les aciéries de Völklingen, devenues un haut lieu de la culture industrielle sarroise.
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