Quinze mois après sa signature, la communication du Pacte Lorraine paraît rodée. Un premier point d’étape organisé ce lundi 8 décembre à l’Arsenal de Metz a rappelé le potentiel de la Vallée européenne de l’énergie et des matériaux qui ne demande qu’à se concrétiser.
Signé en septembre 2013, le Pacte Lorraine a fait l’objet d’un premier point d’étape aux allures de grand-messe où se sont succédé films institutionnels, interventions soigneusement calibrées et questions sans surprise. Les éléments de langage « effet levier », « mutualisation des connaissances » ou « contrats gagnant-gagnant » s’imposent désormais en classiques de l’ambition régionale. Grand témoin de la manifestation organisée à l’Arsenal de Metz, Stéphane Rozès, maître de conférences à Sciences Po et dirigeant du cabinet de conseils CAP, n’a pas tari d’éloges sur le « territoire du fer et du faire savoir » où recherche et industrie sont traditionnellement imbriqués.
Coïncidences
Les grandes entreprises dont Safran et PSA ont souligné les nouveaux atouts apportés par l’IRT et le CEA Tech en matière de recherche&développement. La manifestation a permis de mettre en lumière des initiatives antérieures au Pacte, mais coïncidant heureusement avec ses objectifs. Laurent Vergely, directeur du pôle industriel régional PSA Metz-Borny et Trémery, a ainsi rappelé les objectifs de l’Association régionale de l’industrie automobile (Aria) de Lorraine, qui regroupe depuis 2012 près d’une centaine de professionnels sur les thématiques du diagnostic, de l’échange de bonnes pratiques et de l’export. La filière du BTP a évoqué le dispositif Paxbat, qui associe 14 lycées et CFA spécialisant leurs élèves dans l’isolation, l’énergie solaire ou le bois énergie.
La Chambre d’agriculture de Meurthe-et-Moselle a rappelé la position pionnière de la Lorraine, porteuse de 80 projets de méthanisation. Le pôle transfrontalier Eco Transfaire compte déployer auprès des pays voisins, voire en Europe de l’Ouest, le savoir-faire acquis en matière de réhabilitation de l’habitat ouvrier. Le Pôle de Ressources en Santé et Technologies de Santé (Prestès) ambitionne de développer les dispositifs de télémédecine en Lorraine. L’Université de Lorraine a mis en exergue son savoir-faire en matière d’entreprenariat étudiant. Le Pacte Lorraine tombe à pic pour soutenir et amplifier ces initiatives. La CFDT régionale a constitué au sein du CESE une commission tripartite unique en France associant représentants des syndicats, du patronat et des pouvoirs publics à la mutation du travail.
Le Pacte et la foi
Les 1 500 entreprises lorraines estampillées innovantes auront pourtant fort à faire pour s’approprier le Pacte. Deux questions posées sur écran géant – « Est-ce que les montants alloués au titre du Pacte Lorraine sont suffisants à la mutation industrielle de la Lorraine ? » et « En quoi le Pacte Lorraine peut-il être un levier pour l’emploi ? » – sous-tendent l’ampleur de la tâche. L’effet levier, qui doit générer 1,6 milliard d’euros d’investissement privé pour une mise de fonds publique de 300 millions d’euros, n’a rien d’automatique et les 15 premiers mois d’existence du Pacte n’ont guère amélioré la situation de l’emploi.
Le Pacte représente des subventions, mais aussi une mise en réseau. Il s’agit d’une démarche positive qui doit sortir la Lorraine de logiques de restructurations, de compensation et de redynamisation. Ces 300 millions d’euros doivent permettre de changer les esprits.
Nacer Meddah, préfet de Lorraine
Il faut avoir la foi en le potentiel de la Lorraine. Ce territoire a la capacité de faire de grandes choses et de se faire une grande place au XXIème siècle.
Jean-Pierre Masseret, président du conseil régional de Lorraine
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