En 2008, Nicolas Sarkozy promet d’envoyer 650 statisticiens de l’Insee à Metz en compensation des restructurations militaires. En dix ans, le transfert polémique s’est concrétisé sous la forme d’une déconcentration pérenne, mais revue à la baisse.
Encore un an de retard ! Initialement prévue pour 2016 et fermement escomptée cet automne, l’implantation effective du Centre statistique Insee de Metz dans les beaux bâtiments de l’ancienne gare de la place du Roi-George ne s’effectuera – au mieux – qu’en septembre 2020. Mais les 340 agents messins de l’Institut national de la statistique et des études économiques ont pris l’habitude du provisoire qui dure. Même différé, l’emménagement marquera l’épilogue apaisé d’une arrivée tumultueuse.
En 2008, Nicolas Sarkozy, alors président de la République, annonce le transfert de 650 statisticiens de l’Insee et de deux services statistiques de l’Etat – la Dares (travail) et la Drees (santé et affaires sociales) dans un contexte doublement polémique.
L’agglomération messine, surprise et durement éprouvée par la perte de 5.000 emplois dans le cadre d’une restructuration militaire de grande ampleur touchant l’ensemble du pays , trouve bien maigre la contrepartie promise, à savoir l’arrivée de 1.500 emplois publics. Les statisticiens de l’Etat doivent fournir le gros de cet effectif de compensation avec près de 1.000 transferts prévus.
A Paris, l’intersyndicale de l’Insee n’hésite pas à aller jusqu’à présenter la délocalisation à Metz comme une mesure de rétorsion contre des études que le gouvernement aurait trouvées partisanes et dénonce rien de moins qu’une tentative de démantèlement de la statistique publique ! Des « figures » de l’institution vont jusqu’à faire valoir en très haut lieu les risques de perte de compétences clefs que comporte ce projet de transfert. La direction de l’Insee se hâte, quant à elle, le plus lentement possible : fin 2011, seuls 20 agents sont effectivement implantés à Metz et le gouvernement Fillon s’interroge sur l’opportunité de poursuivre une délocalisation coûteuse et si mal vécue.
Recrutements locaux
En 2012, l’alternance politique incarnée par l’élection de François Hollande à la présidence de la République relance le projet. La feuille de route rédigée par Pierre Moscovici, nommé ministre de l’Economie, ne prévoit plus les transferts de la Dares et de la Drees, mais confirme l’implantation progressive de 340 statisticiens au sein du Centre statistique de Metz (CSM).
De 2012 à 2016, nous avons recruté 55 personnes par an, dont les deux tiers émanaient d’autres services publics basés essentiellement en Lorraine. Nous avons offert une nouvelle possibilité d’ancrage à ces personnes, tout en leur assurant une formation et un accompagnement de qualité.
Guy Bourgey, inspecteur général de l'Insee promu chef du CSM en 2013
Environ 220 recrues messines émanent des fonctions publiques d’Etat, territoriale et même hospitalière, de la Défense ou de La Poste. Présentant des compétences en ressources humaines, elles ont suivi huit semaines de formation assorties d’un tutorat au long cours. Les personnels estampillés Insee sont arrivés sur la base du volontariat ou au gré de classiques affectations post-concours.
Sans lien avec la direction régionale de l’Insee basée à Strasbourg, la nouvelle antenne messine centralise depuis 2016 la gestion administrative et les paies de l’ensemble des agents de l’Insee. Le site du technopole de Metz, où sont affectés 325 salariés, détient le seul data center de l’institution.
Nouvelles synergies
Plus proches du centre-ville de Metz, les locaux de l’avenue André-Malraux abritent aujourd’hui 130 agents concentrés sur le coeur de métier de l’Insee. Ils enrichissent les études en assurant le géoréférencement des données collectées dans la France entière. Ils gèrent, par ailleurs, le nouveau répertoire Siren des associations.
Motivées, les équipes messines prennent en charge des projets innovants, notamment en matière d’informatique. Le CSM créé de nouvelles synergies, tant avec les maîtres d’ouvrage de la direction parisienne qu’avec les écoles du territoire.
Guy Bourgey
Le centre messin offre aux étudiants des grandes écoles lorraines – Telecom Nancy, l’Institut régional d’administration de Metz, l’IUT statistique et informatique décisionnelle de Metz et autres IUT d’informatique – des stages et des postes en alternance.
Les cadres nationaux de l’Insee empruntent régulièrement le TGV Est pour suivre les chantiers messins. Eux-mêmes sont restés à Paris, mais n’ont pas échappé à un déménagement : ils ont quitté en septembre 2018 leurs locaux emblématiques de Malakoff pour s’installer dans un immeuble neuf à Montrouge.
Dates clefs
2008 L’Etat prévoit de transférer à Metz des emplois de l’Insee, de la Dares et de la Drees, soit 650 postes au total.
2012 Le transfert de 340 emplois de l’Insee est confirmé.
2020 Arrivée prévue des 340 salariés déjà installés à Metz, dans leurs locaux définitifs.
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