Dans les Vosges, le spécialiste du linge de lit de luxe Garnier-Thiébaut commercialise désormais en ligne les parures destinées aux palaces. Même si elle a fondu en termes d’emplois face à la concurrence asiatique, la filière, qui reste très concentrée dans le massif vosgien, vend avec succès à l’export le raffinement français.
Pourquoi ne pas conserver un souvenir tangible d’une nuit dans un palace ? Spécialiste historique du linge de lit de luxe, Garnier-Thiébaut propose depuis fin octobre aux clients d’hôtels cinq étoiles de commander sur le nouveau site 5bygarnier-thiebaut.com la parure de lit dans laquelle ils se seront prélassés. Quatre établissements – le Royal Monceau, Brach Paris, l’hôtel Fauchon et la Cour des Vosges – dévoilent ainsi leurs draps dans le cadre d’un partenariat juridique soigneusement balisé. D’autres palaces français et internationaux devraient rejoindre cette vitrine de l’hôtellerie de luxe et du savoir-faire français.
Cette initiative nous a permis de monter en gamme. Les parures de lit présentées sur le site constituent un emblème de ce que nous faisons et associent, selon les modèles, quatre à cinq sous-traitants de la vallée vosgienne.
Paul de Montclos, PDG de Garnier-Thiébaut et président du Syndicat textile de l'Est
Fondée en 1833 à Gérardmer et classée Patrimoine vivant, l’entreprise de 220 salariés pour 42 millions d’euros de chiffre d’affaires, entité américaine comprise, a initié voici dix ans le label Vosges Terre textile. Cette « AOC industrielle », qui a essaimé dans cinq autres régions textiles françaises, regroupe aujourd’hui 25 entreprises, soit 3.000 salariés dans le département, qui reste à la pointe dans le domaine du linge de lit.
Chargée de mission
Néanmoins, le secteur a réussi à maintenir tous les métiers : tisseurs, ennoblisseurs, confectionneurs, qui tentent de reprendre la main avec ce recentrage sur le luxe et la créativité. Une chargée de mission a été embauchée par le syndicat vosgien, il y a un an, pour recruter les 150 professionnels qui manquent à nouveau à ses entreprises.
Parmi les adhérents, Blanc des Vosges, qui emploie 150 salariés à Gérardmer pour 15 millions d’euros de chiffre d’affaires, s’appuie sur l’image du made in France pour développer ses produits les plus haut de gamme au grand export, notamment en Asie.
Nous nous apprêtons à ouvrir un quatrième point de vente à Hong Kong. Pour développer nos ventes sur ce marché à fort potentiel, nous avons adapté les couleurs de nos articles aux goûts asiatiques tout en montant fortement en gamme la qualité de nos satins.
Jean-François Birac, PDG de l'entreprise
Percale française contre satin italien
Toujours en Lorraine, mais en dehors du périmètre de Vosges Terre textile, le mosellan Dodo a racheté fin 2017 la société nordiste Anne de Solène, spécialisée dans la création de linge de lit et de bain haut de gamme. Présente aux Etats-Unis, la marque se développe aujourd’hui à Taïwan et en Corée du Sud.
Autant que le made in France, c’est la touche française, sa sensibilité et sa créativité qui font le succès du linge de lit à l’export.
Jonathan Hannaux, directeur général adjoint de Dodo
Le groupe a élargi et rajeuni les modèles imprimés d’Anne de Solène, traditionnellement fait de percale. Il les complète par les couettes et oreillers de Drouault, autre marque de prestige rachetée par Dodo, qui couple percale et satin de coton.
Au tournant du XXIe siècle, la literie haut de gamme a connu une guerre feutrée entre la percale française et le satin italien. Les deux concurrents ont rivalisé de densité et de finesse, mais aussi de technicité, pour finalement s’équilibrer.
La qualité, la créativité, la personnalisation et les petites séries sont des atouts maîtres pour résister à la concurrence des gros volumes. Mais le linge de lit constitue aussi un produit d’hygiène qui doit résister au traitement des blanchisseries industrielles.
Paul de Montclos
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