Dès l’annonce de leur implantation, la collectivité organise des formations qui faciliteront les recrutements des grands acteurs économiques. Le dispositif permet aujourd’hui d’accompagner le décollage de la filière aéronautique.
Il n’est pas courant que des géants de l’aéronautique viennent se poser en Meuse. Aussi le conseil régional de Lorraine a-t ’il déployé de grands moyens pour aider les sociétés Safran Aero Composite et Albany Engineered Composites à trouver du personnel qualifié pour son usine d’aubes pour moteurs d’avions, qui doit employer à terme 400 personnes à Commercy. Dès l’annonce du projet en novembre 2012, la collectivité s’est impliquée aux côtés de la préfecture de la Meuse, de Pôle emploi et des deux industriels pour former 45 « pionniers ». Ces demandeurs d’emploi ont suivi des formations linguistiques et techniques et ont fait étape à l’usine Safran/Albany de Rochester, aux Etats-Unis, pour s’imprégner de la culture d’entreprise. Débutées en janvier dernier, les embauches s’échelonnent en fonction des besoins des industriels, qui prévoient 80 recrutements d’ici à la fin de l’année.
La réactivité est le maître-mot de notre démarche : il faut répondre aux besoins des deux entreprises en s’adaptant à un calendrier industriel mouvant.
Sylvie Grosmann, chargée de mission au conseil régional
La Région a financé l’intégralité des deux premières promotions pour un montant de 300 000 euros, les deux promotions suivantes étant cofinancées par les organismes paritaires.
L’implication de la région ne se résume pas au projet Safran/Albany, mais vise à implanter au lycée Vogt de Commercy un centre de compétence aéro-composite (CCA) pour répondre aux besoins des deux industriels et de leurs futurs sous-traitants.
L’émergence d’une filière aéronautique figure au Pacte Lorraine conclu l’an dernier avec l’Etat. La mutualisation des fonds régionaux et étatiques nous permettra de proposer une formation qui n’existe pour l’heure qu’à Toulouse.
Laurence Démonet, vice-présidente du conseil régional de Lorraine déléguée aux actions relevant de la formation et de l’accompagnement des parcours de vie
Ce volontarisme a déjà fait ses preuves lors d’autres grandes implantations. Le conseil général de Lorraine a ainsi consacré 5,6 millions d’euros à la formation de 1 500 lorrains aux métiers recherchés par Center Parcs, qui s’est implanté en Moselle en 2010. L’initiative a permis 626 recrutements directs et facilité l’embauche des stagiaires dans d’autres sites touristiques. Plus récemment, la deuxième phase du TGV Est a donné lieu à 68 formations spécifiques cofinancées par les conseils régionaux d’Alsace et de Lorraine, qui ont débouché cette année sur 57 recrutements auprès de RFF ou de ses sous-traitants.
Un pari parfois perdu
L’anticipation suppose une part de risque. Le conseil régional en a fait l’expérience à l’occasion du projet Ecomouv, qui s’est implanté en 2012 sur l’ancienne base aérienne 128 de Metz pour mettre en œuvre le recouvrement de l’Ecotaxe. La collectivité s’est aussitôt calée sur l’échéancier du groupe italien pour orchestrer la formation sur mesure de 150 salariés. Confiée à la chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Moselle, la démarche a mobilisé 300 000 euros. Mais les atermoiements gouvernementaux ont mis à mal le projet, qui devait générer au total 450 emplois. 40 CDD n’ont pas été reconduits, 60 stagiaires formés ont vu leur promesse d’embauche s’envoler et 80 personnes sélectionnées pour intégrer les formations de la CCI ont subi la même désillusion.
Le volontarisme du conseil régional a également été battu en brèche à Illange, où le conseil général de la Moselle a annoncé en 2012 la création d’une base logistique franco-chinoise qui devait employer 3 000 salariés dès 2014. Le conseil régional s’est aussitôt impliqué dans la commission emploi-formation du comité territorial de projet pour ébaucher avec Pôle emploi, l’Education nationale, l’Université de Lorraine et la CCI les pistes de formation techniques, administratives et linguistique. Mais le projet semble s’être ensablé au long de la Moselle et les promesses d’emploi sont tombées à l’eau.
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