Le conseil général a investi 100 millions de francs dans sa restauration. Il accueillera des rencontres institutionnelles transfrontalières, des conventions d’entreprises et des expositions permanentes.
Fallait-il consacrer cent millions de francs – le second plus gros chantier estampillé Monuments historiques après celui du Parlement de Bretagne, à Rennes – pour reconstruire un petit château médiéval perdu à Manderen, une commune de 650 habitants ? Propriétaire du site, le conseil général de la Moselle ne manque pas d’arguments pour justifier le plus gros investissement culturel de son histoire.
Pris en charge par l’Etat à hauteur de 50 %, la reconstruction du château de Malbrouck aura coûté moins cher que la construction de 500 mètres d’autoroute. Pour ce prix, nous avons sauvé un monument, redécouvert des techniques de construction oubliées et mobilisé 250 ouvriers spécialisés, tous issus d’entreprises régionales.
Guy Hauswald, ingénieur en chef au département de la Moselle
En dépit d’une présentation à la presse magistralement ratée – le 3 septembre, quelque 130 journalistes venus de Paris, d’Allemagne et de Belgique ont découvert une exposition inachevée dont aucun catalogue n’était disponible -, le conseil général peut s’enorgueillir d’avoir dirigé durant sept ans sans la moindre anicroche un chantier d’une complexité exceptionnelle.
Des moyens hors du commun
La coopération entre le département, l’architecte des Monuments historiques, Michel Goutal, les différents bureaux de contrôle et les entreprises s’est déroulée dans une harmonie exemplaire.
Christian Hornberger, chef de chantier de Société Nouvelle Chanzy Pardoux
Chargée de la confortation de l’édifice et de la taille des pierres, cette filiale mosellane de Sogea a décroché à Manderen un budget de 50 millions de francs.
Toutes les restaurations Monuments historiques sont exigeantes, mais celle du château de Malbrouck a mobilisé des moyens hors du commun. Ainsi, pour l’entrée de la tour de la Lanterne, nous avons dû demander à des techniciens de l’Office national des forêts de trouver dans les forêts vosgiennes des arbres adéquats pour tailler des poutres de 18 mètres de long, 70 centimètres de haut et 50 centimètres de large.
Sylvain Lebras, directeur charpente de la société meurthe-et-mosellane Lebras
Pour cette PME de 100 salariés, Malbrouck a représenté un marché de 13 millions de francs. Un enjeu culturel. Pour le conseil général, le château de Malbrouck ne constitue pas un pari économique :
Nous n’attendons aucun retour sur investissement. L’enjeu de la reconstruction se situe sur le plan culturel. Par son emplacement, à proximité immédiate du Luxembourg et de la Sarre, Malbrouck deviendra un site privilégié pour les rencontres institutionnelles transfrontalières, les conventions d’entreprises et les expositions permanentes.
Jérôme Potiès, directeur du site depuis son inauguration le 5 septembre
Superbement restauré, doté d’ascenseurs et d’un chauffage électrique, le château s’ouvre sur une exposition consacrée au mythe éminemment européen de la Toison d’or. Le site devrait ainsi contribuer à fixer une partie des milliers de touristes belges, allemands et néerlandais, qui traversent chaque année la Lorraine pour rejoindre le sud de la France. Mais le budget de fonctionnement, qui ne sera fixé qu’en octobre, ne prévoit, pour l’heure, que l’embauche d’un directeur, d’une secrétaire et d’un couple de gardiens.
--Télécharger l'article en PDF --