A mi-parcours de sa restauration, le Versailles lorrain du début du XVIIIème siècle joue la carte des lumières : celles des éclairages indirects et contemporains, mais aussi celle des échanges culturels sur les techniques de construction.
Plus grand chantier patrimonial d’Europe, la restauration du château de Lunéville a donné lieu le 16 septembre à une réception de travaux hors normes. Le conseil général de Meurthe-et-Moselle a rendu un hommage exceptionnel aux artisans qui ont remis à neuf la salle des gardes, la salle de la livrée, la chapelle, l’escalier d’honneur et les salles voûtées du sous-sol, soit un programme de 9,8 millions d’euros. Tandis qu’un funambule longeait la façade, quatre cordistes ont dévoilé au long des quatre colonnes du château des calicots verticaux reprenant des photos panoramiques du chantier ainsi que les noms de 360 compagnons mobilisés par une quinzaine d’entreprises depuis le violent incendie qui ravagea l’ancienne résidence ducale le 2 janvier 2003.
Tradition et innovation
Ce spectaculaire coup d’envoi des Journées du patrimoine annonce la nouvelle vocation du monument, désormais ouvert au public.
Le château a retrouvé son identité, mais nous lui avons également insufflé des idées neuves et des ambitions porteuses d’avenir.
Michel Dinet, président du conseil général
Sous la direction de Pierre-Yves Caillault, architecte en chef des monuments historiques, les charpentiers se sont réapproprié les techniques du XVIIème siècle pour rendre au château la silhouette qui le caractérisait lors de sa construction engagée en 1702 par l’architecte Germain Boffran. Les tailleurs de pierre ont ensuite remplacé la totalité des corniches et restauré les façades ouest et sud de la chapelle, avant de céder la place aux gypsiers, vitraillistes et doreurs qui ont entièrement reconfiguré les décors intérieurs. Fidèle aux plans d’époque, la reconstitution intègre également des éléments contemporains, tels les éclairages indirects et un ascenseur. La salle des gardes et les sous-sols accueilleront des expositions et conférences, tandis que la chapelle d’une capacité de 200 places proposera sa remarquable acoustique aux amateurs de chant et de musique baroque.
L’écho des salons au jardin
Lors de leur création en 1720, les jardins constituaient une spécificité européenne visant à confronter la convivialité extérieure à celle des salons. Nous conserverons cette approche, avec un traitement contemporain.
Pierre-Yves Caillault
Défini en 2004, puis unanimement approuvé par l’Etat, la région Lorraine, le département et la ville, le schéma directeur place les Lumières au cœur du projet de restauration. Jadis carrefour intellectuel et artistique, le château du roi Stanislas doit redevenir un haut lieu culturel européen. La transmission des savoirs s’appliquera également à l’échelle locale, puisque le conseil général compte y organiser dès l’an prochain les « samedis du savoir faire ». Ces échanges entre experts, artisans et amateurs de tous âges porteront sur les techniques anciennes et actuelles de la construction.
Deux maîtres d’ouvrage pour 12 ans de travaux
Propriétaires conjoints du château de Lunéville, le conseil général de la Meurthe-et-Moselle et le ministère de la Défense ont entrepris les travaux d’urgence dès le lendemain de l’incendie du 2 janvier 2003. Engagée en 2005, la réfection des toitures et façades, qui se poursuit actuellement à la salle des Trophées, a déjà occasionné 250 000 heures de travail pour poser 5 300 m2 d’ardoise, nettoyer et réparer 6 000 m2 de pierre et installer près de 800 m3 de charpentes. Le conseil général a lancé en septembre une étude préalable au réaménagement des parcs et jardins. D’ici à 2016, les deux maîtres d’ouvrage restaureront le corps central, l’escalier nord, le petit commun sud, puis l’aile sud du château.
Fiche technique
- Maître d’ouvrage : Conseil général de Meurthe et Moselle.
- Maître d’œuvre : Pierre-Yves Caillault, architecte en chef des monuments historiques.
- Entreprises : France-Lanord-Bichaton & Chanzy Pardoux (maçonnerie, pierre de taille, plâtrerie, menuiserie et ébénisterie), Ancre (gypserie), Eschlimann (badigeons et dorures).
- Coût des travaux : 103 millions d’euros
- Calendrier : 2004 – 2016.
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