Portée par trois générations de charpentiers-couvreurs, Le Bras Frères restaure cathédrales, châteaux et monuments de France entière. Pour contrer une conjoncture difficile, l’entreprise fait valoir son savoir-faire sur des chantiers contemporains.
Un an après la date prévue, Le Bras Frères a commencé ce 30 juin 2014 la restauration de la lanterne, du péristyle et du dôme du Panthéon, soit 1 500 m2 de couverture. Ce chantier de huit mois qui mobilise une dizaine de compagnons associera la PME lorraine à l’atelier strasbourgeois Eschlimann, retenu pour le lot conditionnel de dorure à l’or fin. Le Bras Frères ajoute ainsi un nouveau monument à une liste de références déjà bien fournie. Fondée en Meuse voici 60 ans, l’entreprise qui détient son principal atelier à Jarny (Meurthe-et-Moselle) compte à son actif la restauration de joyaux du patrimoine national dont Notre Dame de Paris, le Louvre ou le château de Fontainebleau. En Lorraine, l’entreprise, dirigée par les cinq fils du fondateur est intervenue dans la reconstruction des châteaux de Manderen et de Lunéville et dans la restauration des cathédrales de Metz, Nancy, Saint-Dié ou Verdun.
La Culture, peau de chagrin
La raréfaction des fonds alloués à la culture inquiète au plus haut point la PME de 150 salariés qui réalise 60 % de son chiffre d’affaires (20 millions d’euros en 2013) grâce aux monuments historiques.
Le secteur est sinistré depuis 2008 et le plan de relance de 2009 qui nous avait a apporté une bouffée d’oxygène est aujourd’hui consommé. Les entreprises spécialisées dans les monuments historiques sont dans une situation d’autant plus difficile qu’elles ne disposent pas de la flexibilité que procure l’intérim : elles ont toutes mis dix ans à former leur personnel.
Julien Le Bras, responsable du secteur Monuments historiques de Le Bras Frères
En avril dernier, le dirigeant a alerté par courrier Aurélie Filippetti, ministre de la Culture. Dans sa réponse, cette dernière assure comprendre les doléances de la profession et se dit favorable à l’élargissement du crédit d’impôt réservé aux métiers d’art, aux métiers de la reconstruction et de la restauration. Également conseillère générale de la Moselle, la ministre manifeste son opposition à la décision départementale de n’octroyer aucun crédit au patrimoine pour 2014.
Du Panthéon à l’île de Corse
Pour contrer la récession, Le Bras Frère entend développer la construction bois et le bardage décoratif métallique sur des bâtiments contemporains. L’entreprise a ainsi réalisé les panneaux en laiton patinés rotatifs qui ornent la façade en verre du musée de Gravelotte (Moselle) et les hublots en inox qui caractérisent le nouveau siège social de Pertuy sur l’Ile de Corse à Nancy. Forte d’un bureau d’études de dix personnes, l’entreprise compte se démarquer de la concurrence par son savoir-faire technique et ses capacités d’ingénierie – qu’elle a démontré en mai dernier en assurant en urgence le confortement du complexe piscine-patinoire d’Amnéville qui risquait l’effondrement. L’entreprise reste par ailleurs fidèle à sa clientèle des particuliers lorrains qui représente 10 % de son chiffre d’affaires.
Fonctionnant de manière autonome, Europe Echafaudage, filiale de Le Bras Frères fondée en 2001, ouvre au groupe des perspectives nationales et transfrontalière. Possédant 6 000 tonnes d’échafaudages de classe 6 capables de supporter des charges de 600 kg au m2 contre 200 kg/m2 pour les équipements standards, la structure de 40 personnes intervient en France entière et vise dorénavant le marchés luxembourgeois, belges et allemands.
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