L’ancien site Grundig-Gooding de téléviseurs se retrouve au bord du dépôt de bilan après de nouvelles pertes et des difficultés persistantes de trésorerie. Sa vente par le groupe Cofidur est stoppée.
L’ancienne usine de téléviseurs Grundig-Gooding de Creutzwald (Moselle), qui emploie encore 195 salariés, se retrouve dans l’impasse. Rachetée en 1997 par le groupe électronique Cofidur et rebaptisée Continental Edison, elle s’est mise à fabriquer des ordinateurs PC et des accessoires de téléphonie. Mais les difficultés économiques et financières se font de nouveau sentir, au point de faire peser le spectre d’un dépôt de bilan, selon les syndicats.
Les salariés attendaient beaucoup d’une possible vente du site à un holding financier représenté par un industriel lorrain mais à l’identité demeurée secrète, et qui devait apporter la trésorerie manquante. Cofidur, qui veut couper cette branche déficitaire, a annoncé, lundi, que le protocole d’accord avait été dénoncé par le repreneur potentiel et que la procédure était « stoppée ».
Impact négatif
Sans cette filiale grand public, le groupe électronique, qui fabrique notamment des circuits imprimés et des cartes, aurait dégagé une marge d’exploitation positive de 3 % en 2001. Continental Edison représente la moitié du chiffre d’affaires de Cofidur, qui s’est élevé à 128 millions d’euros l’an dernier. Mais le site mosellan a eu un impact négatif de près de 7,9 millions d’euros sur le résultat net du groupe électronique, qui a finalement enregistré une perte de 19,9 millions d’euros.
Cofidur a repris la marque Continental Edison, il y a cinq ans, à Gooding, un groupe gallois qui avait fait figure, quelques années plus tôt, de sauveur de l’usine mosellane, alors menacée de fermeture. L’allemand Grundig, propriétaire du site depuis sa création, voulait se désengager à tout prix de Moselle. Gooding n’aura finalement tenu que deux ans, non sans des démarches qui l’amèneront devant les tribunaux à Metz en octobre. En dix ans, le site de Creutzwald, qui comptait 900 salariés à la fin de l’ère Grundig, a perdu les trois quarts de ses effectifs. Depuis sa reprise il y a cinq ans, Continental Edison aurait perdu au total 15 millions d’euros, couverts par Cofidur sous forme de caution. Les deux jours de chômage technique en avril n’ont pas rassuré à Creutzwald, même si cette situation est attribuée « au cycle saisonnier qui entraîne traditionnellement une période creuse au second trimestre avant un redémarrage en juillet » par Philippe Missakian, le PDG de Continental Edison. Celui-ci réfute l’hypothèse d’un plan social, avancée par les syndicats.
Reconversion
Naguère exclusivement spécialisée dans les téléviseurs standards, le site s’est reconverti dans les modèles haut de gamme.
Les écrans plats et numériques n’atteindront sans doute pas leur vitesse de croisière avant 2004.
Philippe Missakian
ouchés par la concurrence de marques turques, nous en sommes réduits à jouer la cinquième roue du carrosse en produisant à la demande des télés pour les grandes surfaces en rupture de stock.
Bernard Pavlic, délégué CGT
La branche télévision ne représente plus que 15 % de l’activité de l’usine, loin derrière les ordinateurs PC (70 %). Le site de Creutzwald est parvenu, l’an dernier, à stabiliser sa production de PC à 120.000 unités, alors que le marché français régressait.
Nous sommes passés en un an de 9 % à 11 % de parts de marché.
Philippe Missakian
avec la participation et l’aimable autorisation de Christian Robischon
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