Consultant du réseau Interfaces, Laurent Damiani dirige l’Eurodev Center de Forbach nord et l’hôtel d’entreprises de Forbach sud, qui totalisent 16 entreprises, trois pôles de compétence et 115 emplois. Délégataire de service public pour le compte de la communauté d’agglomération Forbach-Porte de France, le développeur a fait du transfrontalier son cheval de bataille.
Vous dirigez depuis 2008 la première pépinière d’entreprise transfrontalière de France. Comment cette spécificité se traduit-elle ?
Le transfrontalier constitue une composante importante de notre pépinière. Un tiers des entreprises que nous accueillons sur l’Eurozone de Forbach nord sont d’origine allemande. Nous accueillons également une antenne commune au Cnam Lorraine et à la Hochschule für Technick und Wirtschaft (HTW) de la Sarre, qui assure des formations transfrontalières post-bac, et le centre de formation initiale et continue Formation Saarlor, spécialisé dans les formations bilingues techniques. Par ailleurs, nous échangeons systématiquement avec notre homologue sarrois Starterzentrum de Sarrebruck.
Présentée comme la première zone d’activité binationale de France, lors de son émergence voici 15 ans, l’Eurozone espérait de grandes avancées, notamment en matière de fiscalité et de télécommunications. Cette ambition s’est-elle perdue ?
Les Etats auraient certainement pu aller plus loin. Les projets transfrontaliers structurants sont portés par les entreprises. Le territoire a également su s’impliquer dans des projets à long terme, comme l’implantation de l’Eurozone de Forbach nord, la reconversion vers la plasturgie ou l’ouverture de la Mosa (Maison ouverte des services pour la Sarre) ouverte l’an dernier à Forbach, et qui démarre très fort.
Constatez-vous des progrès en matière de formation et d’emploi transfrontaliers ?
Le flux des Lorrains travaillant en Allemagne stagne à 19 000 personnes, mais certaines initiatives vont faire avancer les choses. Outre la Frankreichstrategie et son pendant français, je constate que les lycées est-mosellans organisent des échanges avec l’Allemagne. L’université franco-allemande dont le siège se trouve à Sarrebruck entend doubler le nombre de ses étudiants pour le porter à 2 000 en 2020. Le nombre d’agences d’intérim transfrontalières augmente. Notre territoire manque de visibilité et de communication, mais il s’y passe des choses. Nous souffrons d’un double enclavement : les tarifs excessifs de l’autoroute A 4 nous pénalisent et les réseaux de télécommunication fonctionnent mal. J’espère un rapprochement avec le Sillon lorrain pour développer les activités liées au numérique. A terme, je suis convaincu que la fibre optique permettra aux territoires ruraux de se réapproprier leur avenir.
Propos recueillis par Pascale Braun
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