La crise n’est pas finie pour tout le monde ! Si certains courtiers du Grand Est ont poursuivi leur progression, la plupart ont souffert des graves difficultés qui affectent l’industrie régionale.
Ils ont résisté, mais ils souffrent. Les courtiers du Grand Est craignaient l’an dernier des désastres majeurs du fait de la crise. Le bilan 2009 se révèle plutôt rassurant. La tendance globale reste à la progression, grâce aux locomotives régionales, qui vont souvent chercher leur croissance loin de leurs terres. En effet, pour ceux qui continuent de prospérer, les relais de leur croissance ne se trouvent pas sur le marché local. Parue en mai, l’étude de l’Insee sur les conséquences de la crise sur l’emploi dans les régions souligne les lourdes pertes subies par le quart nord-est de la France, et tout particulièrement les bassins ouvriers de Lorraine et de Champagne-Ardenne. Marqué par de nombreux redressements judiciaires ou liquidations de PME, le contexte économique ne témoigne en outre d’aucune reprise tangible.
De fait, les courtiers n’ont pas échappé aux renégociations à la baisse, aux impayés ou à la perte définitive de leurs clients, dont certains sous-traitants entraînés dans la chute de General Motors.
Nos clients ont fait le gros dos, cherchant par tous les moyens à sauver l’emploi, souvent en ayant recours au chômage partiel. Ils ont aussi profité de cette baisse d’activité pour effectuer des travaux de maintenance, ce qui est une bonne nouvelle pour nous, assureurs.
Geoffroy Roederer, directeur du cabinet éponyme et coprésident du Sycaest, le syndicat des courtiers de l'Est
Les meubles ont été sauvés…
Nous avons sauvé les meubles, mais le marché est resté atone et l’année 2010 s’annonce sous les mêmes auspices. Cabinet généraliste, nous nous trouvons confrontés à la concurrence de gros agents régionaux auxquels les compagnies accordent des conditions imbattables pour décrocher de bonnes affaires.
Patrick Breton, associé du courtier nancéien Rabner assurances, qui reste stable pour la deuxième année consécutive en 2009
Octogénaire gaillard, l’Office mosellan d’assurances, qui prospère depuis 1947 dans l’assurance des établissements d’enseignement privé en France entière, maintient également ses positions depuis deux ans.
L’an dernier, le contexte ne se prêtait guère aux projets de développement, mais le plus dur est passé.
Christophe Bastuck
À la fois agent et courtier, le cabinet troyen Vigie a maintenu son chiffre d’affaires courtage à plus d’un million d’euros et a fermé son agence de Bar-sur-Aube pour rationnaliser sa structure.
Le marché troyen n’est pas trop attaqué, mais il reste figé dans une attente qui s’éternise.
Guillaume Laveline
… mais les niches ne sont pas toutes confortables
Spécialiste historique de l’assurance de transporteurs en France entière, le cabinet Mangin, à Bar-le-Duc (Meuse), accuse les effets de la récession de ce marché, affecté par la concurrence croissante des routiers d’Europe de l’Est. En revanche, réservé aux opérateurs français, le marché des autocaristes se porte plutôt bien.
Nous misons également sur l’évolution favorable du créneau des loueurs de voitures. En pleine mutation, cette activité est porteuse et demeure un axe majeur de développement. Nous nous diversifions aussi dans le domaine de la santé-prévoyance, que nous n’avions jamais abordé.
Jérôme François, qui est à la tête du cabinet
L’année a été particulièrement difficile pour les entreprises de la sidérurgie ou de la sous-traitance industrielle :
Les dirigeants ont revu leurs contrats à la baisse, quitte à sabrer dans les garanties. Nous avons eu la chance de conserver nos clients dans ces secteurs et d’en trouver de nouveaux, notamment les collectivités locales.
Jean-Philippe Hubsch, dirigeant d'Assurances Conseils
Basé à Thionville (Moselle), implanté à Luxembourg-ville et redéployé depuis le début de l’année dans de nouveaux locaux à Metz, le cabinet mosellan engrange les fruits d’une décennie de spécialisation sur le créneau encore porteur de l’immobilier francilien.
Le moment de s’agrandir
À Reims, le cabinet Servyr a recruté une dizaine de personnes pour renforcer son équipe commerciale et accompagner la forte croissance du cabinet dans la santé. Servyr est en croissance de 10 % en 2009 et prévoit une progression analogue cette année.
Avec 73 salariés, la gestion des ressources humaines demande une nouvelle approche, et nous structurons un service RH pour améliorer la définition des compétences et des fonctions, la formation et la mobilité interne.
Quentin Renard
À Châlons-en-Champagne, les « jeunes loups » d’Agéo s’implantent en France entière pour saturer le potentiel du cabinet dans chacune de ses 4 branches d’activité : prévoyance, retraite, risque et patrimoine de l’entreprise. Et le cabinet enregistre une croissance insolente, que la crise n’a pas ralentie.
Les 4 métiers évoluent de concert. Nous poursuivons nos efforts, portés par la volonté de conquête de nos jeunes associés, dorénavant implantés dans 25 villes de France.
Quand les voisins se portent bien
Dans le contexte de crise, les voisins luxembourgeois et allemands s’avèrent plus que jamais de bons vecteurs de croissance. Alors que le PIB de la France est en berne, celui de ces pays limitrophes marque des signes de reprise. L’Allemagne table sur près de 1,5 % de croissance cette année, et les entreprises exportatrices de l’Est de la France profiteront de ce sursaut. A fortiori leurs courtiers.
Nous observons l’émergence de certains groupes étrangers de type entrepreneurial en Alsace, qui participent à des pôles de compétences, des clusters, voire aux pôles de compétitivité, en domotique, énergétique, automobile…
Geoffroy Roederer
Selon lui, seul cet axe transfrontalier est apporteur d’affaires, car la libre prestation de services, c’est-à-dire l’extension des activités de courtage au-delà des frontières, reste aujourd’hui quasi inexistante.
Il est déraisonnable de penser qu’un courtier français pourra apporter une valeur ajoutée sur un sol étranger, car il ne dispose ni de la pratique ni de la connaissance législative suffisantes.
Geoffroy Roederer
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