Tous victimes ! Le siège messin de Comigel, le fonds agro-alimentaire majoritaire Cerea, l’usine de viande luxembourgeoise Tavola et jusqu’au ministre de la Santé luxembourgeois assurent avoir été abusés et se réfugient dans des dénégations contristées.
Spécialiste des aliments surgelés à marques de distributeurs, le groupe messin Comigel se trouve au cœur du scandale. Créée au Luxembourg en 1972, la société a migré quatre ans plus tard à Metz, où elle emploie aujourd’hui une quinzaine de personnes. A la fois siège social et bureau de vente, le site messin a fait l’objet de deux inspections de la DGCCRF depuis la révélation de l’affaire. Président du groupe, Erick Lehagre s’est engagé à aider les autorités françaises et luxembourgeoises dans leur enquête – avant de se mettre aux abonnés absents.
Même silence à l’usine Tavola, filiale luxembourgeoise de Comigel, qui emploie 200 salariés à Capellen. L’usine, dotée d’un centre de recherches spécialisé dans l’élaboration de nouvelles recettes, produit chaque année 16 000 tonnes de plats cuisinés en barquettes livrés dans 16 pays, dont la Grande-Bretagne. Tavola a bénéficié au printemps 2011 d’un investissement de 10 millions d’euros pour agrandir de 3 000 mètre carrée la surface de production, qui atteint à présent 12 000 mètres carrés. Le groupe destine les deux tiers de sa production à des marques de distributeurs et écoule le solde auprès de la restauration collective. Le site a également fait l’objet d’une inspection sanitaire le 11 février.
Jusqu’alors discrète, Comigel est sorti de son silence en 2010 en annonçant la reprise d’un second site de production, la société Atlantique Alimentaire, spécialiste des pizzas et tourtes surgelées basées à La Rochelle. Le groupe, qui affichait alors un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros, se présentait comme le leader français de l’alimentation surgelée. Cette stratégie épousait alors celle de Céréa, actionnaire majoritaire de Comigel depuis 2007. Ce fonds spécialisé dans l’agro-alimentaire, se mure aujourd’hui dans un silence prudent. Mais la communication du groupe, qui se présente comme « un acteur engagé en faveur du développement durable dans le capital investissement », prend une étrange saveur. Le ministre luxembourgeois de la Santé Mars Bartolomeo dénonce pour sa part une tromperie sur la marchandise, tout en soulignant que l’affaire n’a pour l’heure présenté aucune incidence sur la santé humaine. Le ministre se dit favorable à la relocalisation de l’alimentation et assure préparer ses lasagnes lui-même….
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