Sauvées par une poignée de vignerons, les côtes-de-toul fêtent les 20 ans de leur AOC. La filière viticole et l’agrotourisme visent de nouveaux labels.
Cette année, les représentants du Grand Est au Salon de l’agriculture ont trinqué au gris de Toul pour fêter leurs 20 ans d’AOC. Les 14 vignerons meurthe-et-mosellans de l’appellation ont mutualisé une partie de leur production pour constituer une cuvée millésimée de 1.800 bouteilles représentative des trois robes du terroir pour arroser cet anniversaire tout au long de l’année. Le traditionnel gris de Toul, obtenu à base de gamay, représente toujours 65 % de la production. Les viticulteurs ont enrichi la vigne de pinot noir et d’auxerrois pour créer des vins blancs et rouges qui représentent aujourd’hui plus d’un tiers des 500.000 bouteilles produites chaque année.
Démarche côte à côte
Situé à 25 kilomètres de Nancy, le petit vignoble revient de loin et s’inspire désormais sans complexe de l’exemple de ses grands voisins d’Alsace, de Bourgogne et de Champagne. La vigne du Toulois couvrait 6.000 hectares – et celle de l’ensemble de la Lorraine, 40.000 hectares – à la fin du XIXe siècle, avant le phylloxéra, la Première Guerre mondiale, l’essor de la sidérurgie qui la priva de main-d’oeuvre et la raréfaction des garnisons qui lui coupa ses débouchés. Une poignée d’acharnés est parvenue à sauver l’appellation VDQS dans les années 1950, puis à gagner en qualité jusqu’à l’obtention de l’AOC. La filière représente aujourd’hui 4 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel pour 110 hectares, sur 600 hectares mobilisables.
L’avenir du terroir passera par l’implantation de jeunes vignerons et le renouvellement de la clientèle.
Stéphane Vosgien, président de l'organisme de défense et de gestion de l'AOC côtes-de-toul et exploitant, avec son frère, de 10 hectares de vignoble labellisé bio à Blénod-lès-Toul
Les professionnels, aidés par les collectivités, la chambre d’agriculture et la Safer ont mis en place un dispositif foncier, baptisé « Côte à côte », qui permet d’échanger des parcelles pour les rendre mitoyennes et de préfinancer l’achat de terres pour les mettre à disposition de nouveaux exploitants. Le bio progresse et devrait concerner 40 % du terroir dans trois ans.
Vin mousseux
Parcouru par 85 kilomètres de pistes cyclables au long de la boucle de la Moselle, le pays du Toulois voit dans le succès de son vignoble l’occasion de faire valoir son patrimoine touristique et gourmand, de la cathédrale de Toul à la mirabelle de Lorraine. L’office du tourisme de Meurthe-et-Moselle postulera l’an prochain au label national Vignobles & Découvertes. La filière viticole envisage pour sa part de faire renaître un vin mousseux lorrain et de redéployer le vignoble de la vallée de la Moselle qui unit la Lorraine, l’Allemagne et le Luxembourg.
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