Tenue de présenter d’ici à 2013 le rapport qui servira de base au débat public sur l’enfouissement des déchets hautement radioactifs à vie longue, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) concentre ses recherches sur une zone de 30 km2 autour du village de Bure, dans lequel elle a implanté voici 10 ans son laboratoire de recherche.
Elle estime avoir démontré les capacités de confinement de la couche d’argilite Callovo-Oxfordien (COx), à 500 m de profondeur, pour des déchets présentant une durée de vie de cent millénaires.
Réversible jusqu’en 2130
L’Andra déposera en 2015 la demande officielle de stockage réversible pour une durée d’un siècle. Le creusement d’une cavité en dents de râteau pourrait s’engager en 2017 sur 15 km 2. Datant de 2005, les premières évaluations du coût des travaux à 15 milliards d’euros sont d’ores et déjà revues à la hausse. Les installations de surface se composeraient de plusieurs galeries, de puits verticaux et de deux descenderies. La loi du 28 juin 2006 prévoit une mise en exploitation en 2025 et une fermeture en 2130. L’enfouissement serait alors irréversible.
Ce timing paraît bien serré aux experts de l’Institute for Energy and Environnemental Research (IEER), agence américaine indépendante mandatée l’an dernier par le Comité local d’information et de suivi (Clis) de Bure pour évaluer la pertinence du choix du périmètre retenu par l’Andra. Dans leur rapport remis en mars dernier, les experts de l’IEER saluent la qualité des recherches menées à Bure, mais estiment que « le calendrier du projet de site de stockage est beaucoup trop tendu ». Les auteurs du rapport s’inquiètent de risques d’erreur dans l’analyse des migrations de la radioactivité dans la roche. Ils doutent que les données géologiques recueillies à Bure soient intégralement transposables dans un rayon de 10 km. L’Andra semble par ailleurs avoir fait preuve d’un grand optimisme quant aux capacités de « cicatrisation » des roches endommagées par les travaux de creusement. Le laboratoire de Bure, qui vient d’obtenir la reconduction de sa mission de recherche jusqu’en 2030, affinera certainement ses données, mais la perspective d’enfouissement paraît d’ores et déjà inéluctable.
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