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L’acier pour automobile galvanise ArcelorMittal Florange

Le site lorrain du sidérurgiste, qui avait fermé ses hauts-fourneaux en 2013 dans un bras de fer perdu avec l’Etat, s’apprête à mettre en service en Moselle la plus grande ligne de production d’acier Usibor d’Europe. Le secteur de l’automobile a mobilisé la quasi-totalité des 321 millions d’euros investis en six ans à Florange. Des nuages persistent sur le bassin d’emploi.

Ses hauts-fourneaux se sont éteints voilà six ans, mais le site d’ ArcelorMittal Florange vit encore. L’usine mosellane s’apprête à mettre en service la plus grosse ligne de production d’acier Usibor d’Europe. Elle a bénéficié pour cela de 321 millions d’euros d’investissements. L’industriel a donc plus que tenu l’engagement de 180 millions d’euros acté lors du pacte de 2013 entre l’Etat et l’industriel qui avait clos  le bras de fer  avec les candidats à la présidentielle de 2012.

Cet investissement a porté essentiellement sur la rénovation du laminoir de l’usine mais le clou de ce programme sera bien la nouvelle ligne d’acier Usibor, un alliage de plus en plus prisé par l’industrie automobile. D’un coût de 89 millions d’euros. Elle montera progressivement en charge durant toute l’année 2020 pour atteindre une production annuelle de 800.000 tonnes.

Site de pointe pour l’automobile

Jean-François MalcuitLa construction en cours est gigantesque et la contrainte de temps, énorme. Ce projet industriel prouve que le site de Florange s’inscrit dans le futur !

Jean-François Malcuit, nommé chef d'établissement en juin dernier

Spécialiste des démarrages industriels et du suivi des grands projets, l’ex-directeur de l’usine ArcelorMittal de Basse-Indre (Loire-Atlantique), a pris ses fonctions en Lorraine  dans un contexte apaisé . Désormais approvisionné en acier à partir des hauts-fourneaux de Dunkerque,  Florange est devenu un site de pointe de l’acier pour automobile. L’usine de 2.200 salariés a recruté 300 personnes en cinq ans et maintient un rythme annuel de 80 embauches, tous postes confondus.

Le sidérurgiste a réaffecté sur site la moitié des 629 ouvriers naguère affectés aux hauts-fourneaux, les autres étant partis à la retraite, et peine à recruter. L’usine propose chaque année 80 postes en alternance et mise sur les visites de ses installations pour réveiller les vocations dans un vivier d’emplois restreint, où la sidérurgie ne fait plus rêver depuis belle lurette.

Un packaging atone

L’acier pour l’automobile, qui mobilise un effectif stable de 370 salariés, a capté la quasi-totalité des investissements décidés depuis cinq ans. La filière « packaging », qui emploie 430 personnes réparties sur une dizaine de lignes de production, a moins le vent en poupe. Le marché de l’emballage alimentaire est atone et se prépare à de lourds investissements pour se conformer à la future législation d’interdiction du chrome.

Spécialiste des couvercles chromés et des aciers spéciaux, l’usine de Basse-Indre constitue le site pilote d’ArcelorMittal en la matière et s’est souvent trouvé en concurrence avec les installations lorraines.

Sur le marché peu rentable de l’acier alimentaire, nous ne sommes pas rassurés quant à l’avenir de Florange.

Xavier Le Coq, président du syndicat national CFE-CGC-sidérurgie

Limiter les nuisances

La situation pourrait également devenir préoccupante à Sérémange-Erzange, où la  cokerie alimente les hauts-fourneaux de Dunkerque. Situé en lisière de Florange, le site de 200 salariés est régulièrement mis en cause pour ses nuisances environnementales. Or, tout arrêt serait fatal, ce type d’installation étant impossible à redémarrer.

Sandrine MarxNous demandons à ArcelorMittal de réaliser des investissements pour réduire les émissions de la cokerie. Nous demandons également le lancement à Florange de nouveaux projets liés à la transition énergétique.

Sandrine Marx, secrétaire générale de la CFDT chargée de la communication et de la coordination avec le Ceser

Pour l’heure, ArcelorMittal dépense 5 millions d’euros pour réduire l’impact environnemental de ses activités mosellanes. Trop peu pour ceux qui défendent localement l’expérimentation de prototypes à bas carbone sur les 50 hectares de friches restant.


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Pascale Braun

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