Le projet Tiquojardin mobilise les Nancéiens pour mieux cerner le risque de piqûres de tiques dans leur propre jardin. Outre la maladie de Lyme, ces insectes véhiculent une quarantaine d’autres agents pathogènes qui risquent d’évoluer avec le réchauffement climatique.
Depuis début mai, une centaine de Nancéiens traînent un drap blanc dans leur jardin pour « ratisser » des tiques qu’ils enverront, dûment encapsulées, à l’Inrae Grand Est, jusqu’en juillet 2022. Les chercheurs du laboratoire de Champenoux, près de Nancy, identifieront les bactéries pathogènes et rangeront ces insectes dans la « tiquothèque » de 50.000 spécimens collectés depuis 2017 dans le cadre du programme national Citique.
Seule l’implication citoyenne peut apporter aux chercheurs cette ressource qui leur permet d’approfondir la connaissance spatiale et temporelle des piqûres.
Pascale Frey-Klett, directrice de recherches à l'Inrae de Nancy
Piqué à proximité de chez soi
Dénommée Tiquojardin, la recherche de tiques dans les jardins privés de plus de 100 mètres carrés, dans un rayon de 30 kilomètres autour du Grand Nancy, résulte d’un constat réalisé lors du confinement au printemps 2020 : les piqûres continuaient, alors même que les gens ne sortaient plus de chez eux. Amorcée dès le début du programme Citique, l’hypothèse d’une contamination de proximité, qui concerne un tiers des cas de piqûre, s’est trouvée confortée.
Le projet espère passer au peigne fin 200 jardins pour mieux comprendre les causes d’infestation, mais aussi les facteurs de protection – dont la présence de poules semble faire partie. Un protocole demande aux participants de caractériser finement leur jardin et son environnement. L’Inrae Grand Est a prévu de fournir cette année 200 kits de draps, tubes et pinces.
Une quarantaine de maladies
Premier vecteur de maladies humaines et animales en Europe, les tiques révéleront sans doute aux chercheurs quelques nouveaux secrets. Outre la maladie de Lyme, elles véhiculent une quarantaine d’autres agents pathogènes qui risquent d’évoluer avec le réchauffement climatique. La recherche participative permet de mieux comprendre qui – homme, femme, enfant, animal de compagnie ou d’élevage – est piqué et dans quelles circonstances.
La sensibilisation renforce aussi la prévention. L’enjeu est de taille pour la santé publique : le réseau médical Sentinelle recensait 50.000 cas de maladie de Lyme en France métropolitaine en 2019. Le Grand Est est particulièrement touché avec plus de 100 cas pour 100.000 habitants.
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