Le site du Composite park mise sur la plasturgie pour recréer un tissu industriel à forte valeur ajoutée.
Les délégations indiennes se succèdent dans l’est mosellan. Les représentants de Plexconcil, office de promotion des plastiques indiens, y découvrent avec le plus grand intérêt les compétences techniques et universitaires, les équipements de haute technologie et les services mutualisés que leur propose la communauté de communes du pays naborien. Confrontée à l’inexorable déclin des industries pétrochimiques de Total et d’Arkema à Carling, l’intercommunalité mise sur la plasturgie pour recréer un tissu industriel à plus forte valeur ajoutée.
Financé par le fonds de 8 millions d’euros accordé par Total voici trois ans au titre de la revitalisation des territoires, le Composite park occupe 25 hectares et présente 45 hectares de réserve foncière à Porcelette, dans un paysage préservé des nuisances de la plateforme pétrochimique. Le site ne sera inauguré que courant octobre, mais le Pôle de plasturgie de l’Est, centre international de transfert de technologie basé dans la ville voisine de Saint-Avold, y pilote déjà des installations de contrôle non destructif comptant parmi les plus modernes d’Europe.
Un cluster de PME spécialisées
Les industriels indiens de la plasturgie voient dans cet équipement, suffisamment vaste pour investiguer des pièces d’aviation, l’opportunité d’obtenir les précieuses certifications européennes qui leur font défaut. Le pays naborien entend, quant à lui, favoriser l’émergence d’un cluster de petites et moyennes entreprises (PME) spécialisées, qui pourrait créer 250 emplois d’ici à 2012.
Lorsque les industries indiennes voudront concrétiser un projet en Europe, elles le feront avec des gens qu’elles connaissent. C’est pourquoi nous mettons dès à présent à leur disposition des structures attractives et un accès à la technologie de pointe. Ce pari peut permettre à l’est mosellan de créer les emplois qualifiés qui lui manquent.
Thierry Zimny, vice-président de la communauté de communes en charge du projet et par ailleurs directeur de l'institut universitaire de technologie de Moselle-Est
Les incursions d’industriels de la région de Goa, au sud de l’Inde, dans les paysages forestiers de l’est mosellan ne doivent évidemment rien au hasard. Organisme de développement départemental, Moselle développement mène depuis cinq ans une « pêche au large » pour ramener dans ses filets des investissements asiatiques compatibles avec ses propres gisements de compétences. Avec un secteur de la plasturgie affichant, en pleine crise, une croissance de 20 %, l’Inde constitue un partenaire de choix.
Jouer la carte de la crédibilité
Le gouvernement indien se propose de créer trois zones intégrées de développement à vocations chimiques et pétrochimiques, dont l’une serait précisément dédiée à la plasturgie.
En novembre 2009, un Memorandum of Understanding (MOU), conclu entre Moselle développement et Plexconcil, a engagé les deux partenaires à s’épauler mutuellement pour assurer une meilleure visibilité de leur filière auprès d’investisseurs potentiels, tant en Inde qu’en Europe. Le MOU s’est concrétisé en avril 2010 par des manifestations communes à l’occasion du salon parisien JEC Composites.
Moselle développement avait déjà créé l’événement à Metz, où s’est tenue du 17 au 19 novembre 2009 une première mondiale, la convention d’affaires Euro India Transportation Systems (lire l’encadré page précédente). A ces mêmes dates, le conseil général de la Moselle a organisé, en parallèle, la troisième édition du colloque franco-allemand « Dynamiques industrielles et compétitivité des territoires », dont l’Inde constituait l’invitée d’honneur. Consignées sur des supports vidéo, ces manifestations contribuent fortement à la crédibilité de Moselle développement lors de ses prospections à l’international.
Une position centrale privilégiée
En dépit des crises endurées, la Moselle compte préserver son industrie. Naguère base arrière des investisseurs allemands, le département a cultivé durant trente ans une coopération économique de plus en plus étroite avec son voisin sarrois, qu’il associe désormais à ses stratégies de développement. Le partenariat sarro-mosellan constitue un atout supplémentaire dans la pêche au large mosellane. La proximité immédiate de l’Allemagne et sa position centrale dans l’aire la plus industrialisée d’Europe ont longtemps constitué des arguments majeurs de la compétitivité du département. Cette thématique frontalière, qui perdait peu à peu de sa vigueur, trouve un nouvel écho auprès de partenaires asiatiques. La Moselle, qui se pose aujourd’hui comme une porte d’entrée de l’Inde en Europe, bénéficie des bonnes dessertes aériennes de ses voisins. A moins de deux heures de route de Metz, les aéroports de Luxembourg et de Francfort (Allemagne) desservent quotidiennement le sous-continent.
Le projet
Pour diversifier les investissements étrangers sur son territoire, Moselle développement a entrepris une « pêche au large » en direction de prospects asiatiques.
La méthode
Ouvrir aux organisations professionnelles indiennes le savoir-faire technologique, les compétences scientifiques et le potentiel universitaire du département.
Une convention fructueuse
Pour faire valoir son slogan « Moselle, your gateway to Europe », Moselle développement a organisé en novembre 2009 la convention d’affaires Euro India Transportation Systems (EITS) englobant des domaines aussi vastes que l’automobile, le ferroviaire ou la construction navale et aérospatiale. Les 900 participants ont conclu, en l’espace de deux jours, 4 527 rendez-vous d’affaires. Moselle développement a mobilisé trois agents à temps plein pour mettre en place cette manifestation, dont elle a confié l’organisation à un prestataire spécialisé. Une enquête de satisfaction particulièrement positive la conduit à préparer une deuxième édition en juin 2011.
Il organise
Jacques Mambriani, conseiller auprès du président
« Nous travaillons à afficher notre visibilité »
Nous avons entrepris, voici cinq ans, de faire connaître l’offre industrielle mosellane aux pays asiatiques, en commençant par le Japon. Nous avons conclu un contrat de représentation à Tokyo et envoyons tous les ans une délégation pour entretenir le lien avec l’une des premières puissances économiques du monde. Nous prospectons également la Chine, où nous avons fait appel à un cabinet d’avocats pour nous représenter. L’Inde présente une configuration différente. Dans cet immense pays fédéral, la seule manière d’afficher notre visibilité consistait à organiser une convention d’affaires.
Jacques Mambriani
Il accompagne
David Malingrey, directeur de Moselle développement
« La qualité humaine de l’accueil peut être un facteur décisif »
Nos chargés d’affaires accordent la plus grande attention à la culture de nos hôtes asiatiques afin de tenir compte de leurs traditions et de leurs goûts. L’environnement de travail, les facilités de la vie quotidienne, l’accueil hôtelier, le respect des habitudes culinaires constituent autant d’éléments essentiels d’une future implantation. A offres économique et technique équivalentes, la qualité humaine de l’accueil peut constituer un facteur décisif. Au-delà de l’offre territoriale, financière et industrielle, nous ouvrons à nos hôtes la possibilité d’initier le meilleur relationnel possible avec les donneurs d’ordres et acteurs du territoire.
David Malingrey
Il découvre
V.G. Mahajan, directeur de Plexconcil
« Les projets naissent au niveau des territoires »
En Inde, il existe des clusters, mais ils ne présentent pas un tel niveau d’intégration. Nous n’en sommes qu’aux prémices du projet gouvernemental de site dédié à la plasturgie. La mise en place d’une chaîne de plasturgie demandera beaucoup de temps. C’est pourquoi nous nous intéressons au Composite park de Porcelette. Nous avons beaucoup à gagner à coopérer avec Moselle développement. Les projets internationaux naissent au niveau des territoires. Les Etats rebondiront ensuite pour relayer les initiatives économiques au bénéfice des deux parties.
V.G. Mahajan
Les points clés
- Un appui politique Le président du conseil général de la Moselle, Philippe Leroy, s’est rendu en Inde en mars 2009 pour rencontrer les missions économiques et les fédérations industrielles du pays.
- Un relai de terrain Moselle développement a programmé 30 « road shows » dans 15 grandes villes indiennes, qui ont permis de rencontrer plus de 800 entreprises en amont du colloque EITS.
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