Le projet européen Talent a permis de constituer un réseau d’institutions afin de favoriser un recrutement diversifié.
Inscrit dans le programme européen Pic Equal, le projet Talent (Territoires en action lorrains pour l’égalité nouvelle au travail) a présenté, fin novembre, à Nancy, le bilan de trois ans de recherches consacrées à la lutte contre les discriminations raciales à l’embauche. Pilotée par l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (Acsé), la démarche a consisté à analyser les mécanismes de la discrimination, puis à élaborer des outils de gestion RH garantissant l’égalité de traitement des candidatures. Une quarantaine d’entreprises, ainsi que les personnels de l’Education nationale et une vingtaine de responsables syndicaux ont tenté d’analyser les mécanismes conduisant à la mise à l’écart des jeunes et des salariés d’origine étrangère.
Une réflexion dès 2003
Dès 2003, le Conseil économique et social (CES) et la communauté d’agglomération de la Vallée de la Fensch avaient engagé une réflexion, et une enquête avait permis de cerner – sans pouvoir la quantifier – la discrimination à l’égard des salariés issus de l’immigration, essentiellement maghrébine.
Il a fallu une forte remise en cause, même sur le plan syndical, pour admettre que certains salariés ne progressaient pas et n’étaient pas défendus comme les autres.
Isabelle Kauffmann, responsable du service développement social au CNRS, qui a collaboré, durant deux ans, au programme Talent, dans le cadre d'un détachement pour la CFDT
Je me suis engagée dans la lutte contre les discriminations parce que j’entendais dans mon univers professionnel des réflexions inadmissibles, accusant notamment les créateurs d’entreprise d’origine turque de prendre le travail des Meusiens. La démarche a pris de l’envergure grâce à l’implication d’un réseau lorrain fortement mobilisé.
Lucette Collet, première vice-présidente du CES de Lorraine et administratrice nationale de la Capeb, branche bâtiment de l'Union professionnelle de l'artisanat (UPA)
Non-dits et pseudo-bonnes intentions
Les non-dits et les pseudo-bonnes intentions favorisent la discrimination dès l’entrée dans la vie professionnelle.
Le responsable des travaux de l’Education nationale évitera de proposer la candidature d’un jeune d’origine étrangère à une entreprise réputée peu accueillante. De même, les chefs d’entreprise expliqueront qu’une recrue d’origine étrangère sera mal perçue par ses collègues ou par la clientèle.
Alexis Lambert, chef de projet à l'Acsé
Les acteurs du projet Talent, l’académie de Nancy-Metz, le CES, la CFDT, la chambre régionale des métiers et l’Aract Lorraine ont donc créé des outils et mis au point des pratiques antidiscriminatoires. Ainsi, l’Education nationale a élaboré, à l’intention de ses personnels, des fiches pratiques facilitant l’accès de tous à l’apprentissage et aux stages.
La CFDT a édité un guide de négociation permettant de conclure un accord d’entreprise sur l’égalité de traitement. Un DVD aide les DRH à recruter en fonction des seules compétences du candidat, ouvrant ainsi le poste à la diversité. La chambre régionale des métiers organise des conférences départementales présentant les pratiques antidiscriminatoires et leurs enjeux.
Les ambassadeurs du bâtiment
L’UPA de Lorraine a lancé l’opération «les ambassadeurs du bâtiment», simplifiant les bonnes pratiques de recrutement à l’usage des PME et TPE. La direction de l’UPA programme, au printemps prochain, une manifestation d’envergure nationale, qui se tiendra en Lorraine, pour favoriser un recrutement diversifié.
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