Ikea a instauré en bordure de Moselle un modèle de multimodalité qui utilise la route, la navigation fluviale et le rail pour desservir une quarantaine de points de vente en France et en Europe.
Implanté à La Maxe, dans la banlieue de Metz, depuis l’an 2000, Ikea a instauré en bordure de Moselle un modèle de multimodalité. Rompant avec le « tout-camion », l’entrepôt de 115.000 mètres carrés, situé à proximité de son magasin, utilise non seulement la route, mais aussi la navigation fluviale et le rail pour desservir une quarantaine de points de vente en France, en Suisse, en Espagne et au Portugal.
Premier client du port de Metz hors céréales, Global Transports & Logistics Services, filiale d’Ikea, expédie 1.600 EVP par conteneurs depuis 2014, auquel s’ajoute, depuis 2016, le même volume transporté par train.
Cette diversification s’inscrit dans une stratégie de long terme pour acheminer nos marchandises en Europe de manière plus durable.
Service logistique d'Ikea
Une place de choix
Confortés par la COP 21, les transports par voie d’eau vont dans le sens de l’histoire. Or Metz peine à faire valoir un atout fluvial et géographique pourtant avéré depuis 2.000 ans. Les Romains naviguaient déjà au long de la Moselle, de la Saône et du Rhin, et Metz, qui se nommait alors « Divodurum Mediomatricorum », occupait une place de choix sur les axes Lyon-Trèves et Reims Strasbourg.
Au XIIIe siècle, durant la République messine, puis au cours des périodes fastes des villes libres de l’Empire et des Trois Evêchés, Metz – qui battit parfois sa propre monnaie – prospéra grâce au commerce international, servant d’entrepôt et de relais aux marchands allemands, français et hollandais. Rattachée à la France par le traité de Westphalie en 1648, la ville s’est muée en place forte administrative et militaire. L’Annexion de 1870 a achevé de la renfermer, tout en lui conférant une gare démesurée et de nouvelles lignes ferroviaires vers l’Allemagne et le Luxembourg.
Un canal à grand gabarit de Metz à Neuves-Maisons
L’ère industrielle a laissé à la ville un canal à grand gabarit de Metz à Neuves-Maisons, ainsi que le canal des mines de fer de la Moselle. L’aménagement de la rivière fut complexe et morcelé, la France et l’Allemagne ayant pris grand soin de ne pas faciliter l’accès au pays voisin.
En ce début de XXIe siècle, ces vestiges apparaissent tout entiers comme un grand délaissé. Les communes du bassin de vie messin n’ont pas encore pris collectivement la mesure de ces infrastructures et de la manière de les utiliser au-delà de ses usages industriels. Mais la métropolisation peut jouer un rôle de déclic.
Fabien Soria, chef de projet mobilités et stratégies métropolitaines à l'Aguram (l'Agence d'urbanisme d'agglomérations de Moselle)
« La métropole des liaisons européennes »
Metz, qui a accédé début 2017 au statut de métropole, affiche l’ambitieux projet de devenir « la métropole des liaisons européennes ». Ses nouvelles compétences lui permettront peut-être de clarifier ses objectifs. A ses frontières, des villes voisines ont pris de l’avance, démontrant au passage l’énorme potentiel de la logistique en termes d’emploi et d’attractivité.
Voici trente ans, la commune belge d’Athus a mis à profit sa position centrale au coeur des trois frontières et son point de jonction entre trois lignes ferroviaires. Elle gère aujourd’hui une grande partie du transport terrestre des conteneurs arrivant des ports de la mer du Nord. Au Luxembourg, l’Eurohub de Bettembourg achève un investissement de 120 millions d’euros, qui conforte sa position de pivot du ferroutage européen, avec des lignes régulières vers la frontière franco-espagnole, l’Allemagne, l’Italie ou la Pologne.
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