La liquidation, prononcée au terme de 14 mois de redressement judiciaire, de la société Steeltech, a plongé dans le désarroi les deux sites est-mosellan de Creutzwald et de Sarreguemines.
Le projet de pôle mécano-soudure mosellan porté par Guy Zins, repreneur de l’entreprise en 2007, n’a pas résisté aux défections de gros clients et à la baisse des commandes. Les 110 salariés de cet ancien fleuron de l’ère minière se retrouvent sur le carreau.
Le jugement de liquidation de l’entreprise Steeltech par le tribunal de commerce de Metz le 10 février 2016 résonne comme l’épilogue d’un long combat. L’entreprise, qui employait lors de sa fermeture 110 salariés dont 65 à Sarreguemines et 46 à Creutzwald, aurait pu disparaître dès 2007, lorsque le fonds d’investissement Bavaria a souhaité se défaire de l’un des deux sites de de l’entreprise spécialisée depuis un demi-siècle dans la production de matériel minier. Alors co-gérant, Guy Zins a refusé la décision de ses actionnaires et a rassemblé la quasi-totalité des 167 salariés dans un projet de reprise validé en 2008 par le tribunal de commerce de Metz.
Un pôle régional de mécano-soudure
Relatée dans le livre “Les hommes qui ont dit non”, l’épopée s’est d’abord traduite par une série de succès. L’entreprise a conservé la confiance de son principal client, la multinationale américaine d’équipements miniers Bucyrus-Caterpillar, qui représentait plus de 80% de son chiffre d’affaires, tout en engageant une diversification en direction des fabricants d’engins de travaux publics.
Saisissant les opportunités de croissance externe dans l’ancien bassin houiller de l’est mosellan, Guy Zins et sa holding GZ investissement ont peu à peu constitué un groupe régional de mécano-soudure composé de cinq entreprises totalisant 375 salariés pour 70 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2012.
Apogée et déconfiture
A cette apogée, concrétisée par la reprise de l’usine voisine Koch à Sarreguemines et par un investissement de 6 millions d’euros dans une technologie de soudure hybride, a succédé une longue déroute. En 2013, l’entreprise, plombée par la perte de son principal client Caterpillar, par des impayés et par le tassement du marché minier à l’échelle mondiale, accusait des pertes d’un montant de 13 millions d’euros. Les 46 suppressions de postes décidées suite au plan social de décembre 2014 n’ont pas permis de sauver l’entreprise, en dépit d’une combattivité intacte.
Au cours de ses 18 derniers mois d’existence, Steeltech a notamment livré une gigantesque roue-pelle à une mine de bauxite guinéenne, lancé un concept d’œuvres d’art monumentales en acier ou encore, une maison métallique flottante autonome alimentée par des capteurs solaires. Ce beau projet dénommé Boathome n’a pas empêché l’entreprise de sombrer. Lors de l’ultime rendez-vous du 10 février, le tribunal de commerce de Metz n’a pu examiner qu’une offre de reprise partielle de 22 salariés à Creutzwald et ne l’a pas retenue. Ce week-end, les salariés, qui seront licenciés mi-mars, ont brûlé l’effigie de leur ancien patron.
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