Vous lancez le think tank « Recherche et pédagogie innovatrice sur les femmes et le leadership, la mixité et la performance organisationnelle ». Quelle est votre ambition ?
Il s’agit de travailler sur la notion de mixité et de confirmer la pertinence du sujet « femmes et leadership », en démontrant l’impact de la présence des femmes aux postes clés des organisations. Le think tank, qui est appelé à se transformer en chaire universitaire, réunit une cinquantaine de membres dont des professeures, des élues, des représentants de l’Etat et des étudiantes et des étudiantes. L’objectif est de créer un langage commun sur le leadership féminin de demain. En lançant ce think tank, j’espère impulser un mouvement comparable à celui d’Est’Elles executives créé voici dix ans et devenu l’un des principaux réseaux professionnels féminins du Grand Est et du Luxembourg.
La science travaille-t-elle sur les questions de performance et de mixité ?
De plus en plus. Nous avons invité à notre séance inaugurale la chercheuse nord-américaine Susan Madsen, fondatrice et directrice de l’Utah Women, qui démontre que nous avons besoin de plus de leaders féminins dans toutes les entreprises, dans toutes les villes et dans tous les pays. Quand les femmes sont présentes dans les conseils d’administration, on y pose plus de questions, les réunions durent plus longtemps et que les profils et parcours plus hétérogènes. Dans les équipes et dans les grandes écoles, la mixité apporte plus de créativité, et de respect des consignes. Sur le campus nancéien Artem, nous avons intégré cette variable.
Le monde professionnel est-il prêt à accepter le leadership féminin ?
Les grands groupes représentés dans notre think-tank – dont Orange, EDF, le secteur bancaire et la SNCF – sont demandeurs, même si leur gouvernance est aujourd’hui majoritairement masculine. Le campus Artem envoie des étudiantes ingénieures dans les industries locales, qui ont besoin de recruter des jeunes, des femmes et des profils internationaux. La majorité silencieuse prend conscience qu’elle ne sera plus dans le coup si elle n’évolue pas. Mais il subsiste encore beaucoup de réticences et une forte propension à l’inertie.
Propos recueillis par Pascale Braun
--Télécharger l'article en PDF --
Poster un commentaire