Historienne de l’art née d’un père allemand et d’une mère autrichienne, Julia Hennings a étudié la philosophie et l’archéologie, exercé dans le tourisme, l’édition et la réalisation et vécu en en Italie et en France avant de se poser à Sarrelouis, où elle exerce depuis octobre 2016 la fonction d’adjointe à la culture. Pour accentuer le rayonnement culturel de la ville et de son district frontalier de 215 000 habitants, l’élue s’appuie en partie sur la coopération transfrontalière.
Vous avez inauguré ce 10 juin 2018 l’exposition « deux villes, zwei Städte », qui dissémine les œuvres monumentales du sculpteur allemand Robert Schad à Metz et à Sarrelouis. Comment cette coopération s’est-elle déroulée ?
Le projet trouve son origine dans l’amitié très ancienne qui lie Robert Schad à Jo Enzweiler, directeur de l’institut d’art contemporain de Sarrelouis. L’institut souhaitait exposer les œuvres de l’artiste, mais ne pouvait présenter dans ses propres locaux que les petites pièces. Pour les sculptures monumentales en acier, il fallait faire intervenir la ville. Metz avant programmé un parcours d’œuvres de Schad dans le cadre de sa programmation estivale Constellations. J’ai tout de suite vu le potentiel d’une telle coopération. Nous nous sommes rapprochés de la mairie de Metz, et les relations entre services culturels ont été incroyablement faciles, pragmatiques et efficaces. C’est d’autant plus remarquable que l’installation des 18 pièces, qui représentent un poids total de 40 tonnes, était particulièrement compliquée. Je suis ravie de cette coopération, qui représente en quelque sorte notre contribution à la Frankreichstrategie.
Avez-vous engagé d’autres ouvertures vers la France ?
Oui. Je suis entrée en fonction fin 2016, trois mois après la réouverture de notre théâtre municipal Theater am Ring. Dès l’année suivante, nous nous sommes associés au festival Perspectives, qui fêtait sa quarantième édition, pour intégrer la dimension culturelle française. Ce partenariat a été reconduit de manière durable et nous avons lancé plusieurs autres festivals de lecture, de théâtre, de danse ou de musique. Il y en aura cinq cette année, dont quatre se sont déroulés entre avril et mai. Le but de Sarrelouis est de se faire remarquer. Il y a toujours eu une forme de rivalité entre notre ville et Sarrebruck, la capitale culturelle centrée sur elle-même. Notre programmation nous a permis de faire venir des gens de Sarrebruck et du Land tout entier. Nous avons également fait preuve de créativité sur le plan financier. Les sponsors, qu’il a fallu démarcher un par un au début, répondent aujourd’hui spontanément présent.
Votre ambition culturelle englobe-t-elle l’autre côté de la frontière ?
Cela dépend des projets. Notre programmation est relayée à Bouzonville et à Creutzwald, mais les échanges sont encore très timides. La coopération culturelle transfrontalière se heurte à des problèmes de moyens, à des difficultés de financement et surtout, à de grandes différences dans le fonctionnement des administrations. La culture ne fonctionne pas de la même façon et il peut y avoir des malentendus même lorsque l’on poursuit le même but. Mais les coopérations avec Perspectives ou avec la ville de Metz nous donnent envie de recommencer. Nous allons avancer pas à pas, en commençant par notre Land, puis la France, puis la Grande région.
Propos recueillis par Pascale Braun
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